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La gestion des couleurs : semper fidelis

La gestion des couleurs : semper fidelis

Véritable passion pour les uns et source de confusion pour les autres, la gestion des couleurs est d’une importance capitale pour obtenir des couleurs fidèles.

La gestion des couleurs est un concept assez récent. Après avoir traversé l’océan Atlantique dans les années 1990, il lui a fallu attendre quelques années avant de s’ancrer dans les procédures de travail des intervenants de la chaîne graphique. Aujourd’hui encore, parler de la gestion des couleurs provoque parfois une levée de boucliers. Peut-être souffre-t-elle de la réputation, aujourd’hui injustifiée, d’être complexe à utiliser ? Pourtant, si vous diffusez vos images via des sites Web ou si vous les imprimez, la gestion des couleurs reste incontournable. Un minimum de connaissances est donc nécessaire.

Si la gestion des couleurs est désormais solidement ancrée au sein des systèmes d’exploitation Windows, Mac OS X et Linux, on ne peut dire la même chose des plateformes mobiles ou elle est aux abonnés absents. C’est particulièrement contrariant puisque de plus en plus de photographes désertent l’ordinateur pour afficher et traiter leurs images sur leur smartphone ou tablette. Si Datacolor et X-Rite proposent de quoi simuler un affichage calibré à travers un explorateur d’images dédié, il ne s’agit là que d’un pis-aller – à quand une version d’Android ou d’iOS à même d’afficher des couleurs fidèles ?

On pourrait comparer la gestion des couleurs au langage : le langage sert à communiquer et exprimer des pensées au moyen d’une langue et la gestion des couleurs à transmettre des couleurs entre différents fichiers et périphériques. Si les hommes utilisent des mots pour exprimer leur pensée, les fichiers numériques utilisent des nombres définis dans un espace couleur pour communiquer les couleurs. Les espaces couleur s’apparentent alors aux différentes langues humaines. Pour comprendre une phrase, il est nécessaire de connaitre la langue dans laquelle elle a été prononcée et pour déterminer une couleur il faut connaitre l’espace couleur dans lequel elle a été définie. Rappelons qu’un espace couleur rassemble toutes les couleurs qu’un appareil photo, scanner, écran ou imprimante est à même de reproduire. Il définit à la fois le volume et la profondeur des couleurs communiquées par le périphérique en question ainsi que les couleurs de l’image associée à l’espace couleur. Les images sont corrigées et enregistrées dans différents espaces couleur : espaces de sortie et espaces de travail, les premiers servant à décrire la reproduction des couleurs d’un périphérique de sortie (écran, imprimante, presse offset, etc.) et les seconds à communiquer les couleurs entre les différents outils participant au flux de production. Sachez qu’il existe de nombreux espaces de travail et leur choix, effectué en fonction de la finalité des images et de votre équipement, n’est pas toujours aisé. Semblable à la richesse d’une langue, rendant la transmission des pensées plus précise, l’étendue des couleurs qu’il parvient à reproduire (gamut) est le critère le plus important pour distinguer un espace de couleur d’un autre. De manière générale, un gamut très étendu facilite la communication des couleurs entre différents espaces couleur et favorise ainsi leur reproduction fidèle.

Restituer fidèlement à la fois des couleurs saturées et pastels reste une gageure, avec ou sans gestion des couleurs, et notamment lorsque l’image est imprimée.

Nous savons tous que la perfection n’est pas de ce monde et la gestion des couleurs n’échappe pas à ce triste constat. D’abord, toutes les images doivent incorporer une carte d’identité colorimétrique (c’est-à-dire un profil ICC). Ensuite, il est indispensable d’avoir calibré, caractérisé, puis identifié tous les outils de la chaîne de traitement d’image par un tel profil ICC. Ce dernier représente alors le talon d’Achille de la gestion des couleurs : s’il est absent, l’utilisateur est incapable d’établir le lien entre une couleur et son triplet RVB et la communication est ainsi rompue. Enfin, il faut tenir compte des particularités intrinsèques de chaque périphérique de sortie : un écran restituera toujours plus de nuances qu’un tirage papier, une imprimante RVB plus de couleurs qu’une presse CMJN.

Si certains fabricants de matériels et éditeurs de logiciels essaient de nous faire croire le contraire, il n’est point nécessaire de calibrer tous les outils de la chaîne d’image : si le calibrage et la caractérisation de l’écran sont indispensables pour tenir compte à la fois des « vraies » couleurs de vos images et de l’environnement utilisé pour les juger, de nombreux profils de qualité existent pour votre boîtier (fournis par votre logiciel de développement RAW) et votre imprimante (fournis par le pilote d’impression et la plupart des papetiers), reléguant la création de profils personnalisés aux seuls spécialistes pointilleux.

Pour peu que la finalité de vos images soit l’affichage sur un écran ou le tirage photo sur papier argentique, le flux de production reste très simple : sélectionnez simplement, dans le menu de votre appareil photo (Jpeg) ou de votre logiciel de développement (Raw), l’espace de sortie sRGB. Pour fidèlement restituer les couleurs sur un tirage jet d’encre ou dans un livre photo, il devient infiniment plus complexe et tortueux, car il faut plonger plus profondément dans les entrailles de la gestion des couleurs. En optant pour l’espace de sortie Adobe RGB, puis en convertissant les couleurs lorsque l’étendue des espaces sources et cibles est très différente, il est possible non pas de conserver les couleurs, mais de les traduire dans d’autres couleurs, proches des couleurs d’origine. Il faut alors jongler avec les différents modes de rendu et corriger ses images en s’appuyant sur l’affichage d’un écran parfaitement calibré et caractérisé.

Dans les deux cas, votre travail risque d’être peine perdue si vous n’en maitrisez pas toutes les étapes. Car personne ne garantira que vos images seront toujours affichées sur un écran calibré ou que votre prestataire d’impression suit un protocole garantissant l’intégrité de vos images. Quoi qu’il en soit, la gestion des couleurs constitue déjà un pas dans la bonne direction.

La couleur RVB d’un pixel est définie par trois nombres qui correspondent aux composantes rouges, vertes et bleues. Dans un fichier codé en 8 bits par couche, chacun des trois nombres RVB peut être associé à 256 valeurs différentes, ce qui permet de coder 16 777 216 nuances (256 x 256 x 256). Dans un modèle RVB, le triplet (R0/V0/B0) représente le noir et le triplet (R255/V255/B255) le blanc. Les autres couleurs sont définies par différents ratios de ces trois composantes : le triplet (R230/V190/B80) est un orange clair, le triplet (10/45/5) un vert foncé.

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