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Le contraste local : la netteté à petite échelle

Le contraste local : la netteté à petite échelle

Beaucoup de photographes tirent sur les curseurs « Clarté », « Microcontraste » ou « Contraste local » sans vraiment comprendre de quoi il retourne. Voici tout ce qu’il faut savoir pour créer ou augmenter l’illusion de la profondeur dans une image.

Le système de vision humain est particulièrement sensible aux variations de luminosité. Pour peu qu’une image comporte une grande différence de luminosité et une transition abrupte entre les tonalités claires et sombres, elle nous donne l’illusion d’une grande netteté. Avec un objectif et un capteur idéalement « nets », la ligne séparant les deux plages devrait être une ligne parfaite. En réalité, la transition entre les deux plages se fait plus ou moins progressivement, la ligne de démarcation ayant plutôt la forme d’une courbe en S aplatie. Le phénomène est dû à la dispersion de la lumière, à la fois entre les lentilles de l’objectif et les microlentilles du capteur. Si la transition entre les plages claires et sombres est très progressive, les plus petits détails perdent du contraste jusqu’à disparaitre en se confondant avec la région voisine. La présence d’un « contraste de bord », baptisé « acutance » par les laboratoires de recherche Kodak, est donc primordiale pour pouvoir distinguer les différentes nuances d’une image.

La société hexagonale DxO Labs était la première à introduire un outil pour réduire le flare et le voile atmosphérique et depuis, celui-ci ne cesse de faire des émules dans d’autres logiciels d’image. Tous les outils utilisent la même recette, plus ou moins élaborée : augmenter simultanément le contraste global et local ainsi que la saturation des couleurs grâce à des algorithmes qui tiennent compte de la distribution des tonalités et couleurs dans l’image, l’arrière-plan étant plus fortement rehaussé que le premier plan. Cette commande s’avère plutôt utile pour améliorer le rendu de certaines images de paysage. Toutefois, mieux vaut l’utiliser à doses homéopathiques, une fois les réglages de base appliqués, afin de ne pas produire des rendus caricaturaux.  

Si le « bokeh » est longtemps resté au coeur même de la discussion entre photographes technophiles, il a récemment été remplacé par le « microcontraste ». Ce terme désigne la capacité d’un objectif à révéler les moindres détails d’un sujet, grâce à un pouvoir de résolution qui demeure élevé quel que soit le taux de contraste de la scène. D’aucuns attribuent le micro contraste aux seuls objectifs de conception allemande qui seraient capables de donner, contrairement aux objectifs de provenance japonaise, un véritable rendu tridimensionnel aux images. Quoi qu’il en soit, le flare est probablement le pire ennemi du microcontraste. Produisant une sorte de voile qui réduit la saturation des couleurs ainsi que le contraste global et local de l’image, le flare est d’autant plus élevé que le nombre de lentilles de l’objectif est important et que son traitement antireflet est rudimentaire. Cependant, le capteur et le traitement des images ne sont pas étrangers à la baisse du microcontraste, bien au contraire : le filtre passe-bas et le verre de protection participent au flare en renvoyant une petite partie de la lumière vers l’objectif, le dématriçage réduit plus ou moins la netteté et le contraste en fonction de l’algorithme employé.

Les logiciels HDR opèrent tous une augmentation du contraste local pour ainsi compenser une perte du contraste global. Pour le photographe, le maître mot est alors de produire un rendu naturel qui ne trahit pas l’origine de l’image.

Si vous n’êtes pas l’heureux propriétaire d’une de ces onéreuses optiques Zeiss aux vertus « magiques », ne baissez pas les bras : les logiciels de développement Raw viendront à votre rescousse, grâce à des filtres qui agissent principalement sur le contraste des tons moyens. Le curseur Clarté de Camera Raw et Lightroom, pour ne citer que lui, ajoute des halos aux contours de l’image, sans pour autant agir sur le contraste global de l’image. Appliqué de façon globale ou locale, il peut même adopter des valeurs négatives pour produire des effets de flou dont le rendu rappelle vaguement celui de l’effet Orton. Cependant, la commande Clarté est limitée, tout comme ses alter ego, au seul ajustement du volume. A l’instar des autres éditeurs d’images,  Photoshop offre davantage de contrôle sur les différents paramètres de l’augmentation du contraste local, grâce à deux techniques. Paradoxalement, la première tire parti du filtre Accentuation. Mais au lieu d’augmenter la netteté apparente (acutance), il sert à accentuer le contraste sur une plus petite échelle, grâce à une inversion des valeurs pour le gain (entre 5 et 20%) et le rayon (entre 30 et 100 pixels), le seul restant à zéro. Privilégiez un grand rayon pour des images très détaillées et/ou dotées d’importantes zones de transition entre les valeurs claires et sombres et un petit rayon pour des images peu détaillées et/ou présentées sur des sites Web.  La seconde technique repose sur le filtre Passe-Haut (entre 10 et 100 pixels), appliqué à une copie du calque d’arrière-plan en mode de fusion Incrustation ou Lumière tamisée. Pour réduire le risque d’une accentuation excessive et d’une perte d’informations dans les tonalités extrêmes, déplacez simplement les curseurs du menu « Comparaison sur » de la boite de dialogue « Style de calque » sur les valeurs 50/100 (Noir) et 150/200 (Blanc). Quels que soient le logiciel et la technique utilisés, gardez à l’esprit que l’augmentation du contraste local et l’accentuation provoquent couramment des changements de teinte et de saturation des couleurs. Là encore, les éditeurs d’images offrent davantage de souplesse pour corriger d’éventuels artéfacts: appliquez le filtre Accentuation uniquement à la couche L d’une image préalablement convertie en mode Lab ou à une copie du calque d’arrière-plan en mode de fusion Luminosité.

Le contraste local contribue grandement à la présence et l’impact visuel d’une image. Mais son augmentation logicielle n’est pas une panacée, car elle doit tenir compte à la fois du contenu et de l’utilisation d’une image, sous peine d’en supprimer des informations utiles et d’en ajouter d’autres informations parasites. Elle nécessite une bonne dose d’expérience et de bon sens – à la manière d’un instrument de musique qu’il faut d’abord apprendre à jouer pour en tirer la quintessence.

Plutôt méconnu, mais néanmoins fort utile, l’outil  « Tons foncés/tons clairs » de Photoshop comporte dans la section Réglages un curseur Tons moyens permettant d’intervenir sur le contraste local sans pour autant produire des effets indésirables. Avant de vous en servir, désactivez dans la même boite de dialogue les curseurs Facteur, Quantité et Couleur, en les mettant tous à zéro. 

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