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L’objectif standard revisité (seconde partie)

L’objectif standard revisité (seconde partie)

À en juger par le succès d’estime de l’Otus 55 mmm f/1, 4 et le succès commercial du Sigma 50 mm f/1, 4 Art, les objectifs standards suscitent actuellement un intérêt renouvelé, pour peu qu’ils bénéficient d’excellentes performances dès la pleine ouverture. Mais s’agissant d’objets à la fois onéreux, lourds et encombrants, les objectifs cités ne séduisent que les photographes prêts à souffrir pour obtenir des images techniquement parfaites. Voici quelques autres objectifs normaux pour reflex Canon, non moins dignes d’intérêt, mais souvent négligés à l’heure du choix.

Depuis son passage à la monture EF, Canon a commercialisé pas moins de huit objectifs standards : EF 50 mm f/1, 0 L USM (1989), EF 50 mm f/1, 2 L USM (2006), EF 50 mm f/1, 4 USM (1993), EF 50 mm f/1, 8 (1987), EF 50 mm f/1, 8 II (1990), EF 50 mm f/2, 5 Macro (1987), TS-E 45 mm f/2, 8 (1991), et EF 40 mm f/2, 8 STM (2012). Deux de ces objectifs ont été discontinués depuis : l’époustouflant EF 50 mm f/1, 0 L USM se négocie aujourd’hui à un prix dépassant allègrement le prix neuf ; quant à l’EF 50 mm f/1, 8, il demeure assez prisé sur le marché d’occasion en raison de sa construction, nettement plus robuste que celle de son successeur, EF 50 mm f/1, 8 II.

Une focale standard se prête aussi, grâce à son absence de défauts optiques tels que le distorsion, à des prises de vue panoramique. Assemblage de sept vues verticales, Canon 5D Mark II, TS-E 45 mm f/2,8, 1/125 s à f/5,6 et 200 ISO.

Les objectifs avec une focale de 50 mm partagent une formule optique de type Planar (double-Gauss) plus ou moins sophistiquée. Les objectifs les plus lumineux incorporent un (50 mm f/1, 2) ou deux éléments (50 mm f/1, 0) à surface asphérique, raison pour laquelle ils arborent le sigle « Luxury » (L). Un dispositif à lentilles flottantes fait alors en sorte que les performances optiques se maintiennent à un niveau élevé aux distances de mise au point les plus courtes. Il en va de même pour l’EF 50 mm f/2, 5 Macro, ou le groupe avant est mobile, et le TS-E 45 mm f/2,8 dont le groupe arrière se déplace pour ainsi compenser les aberrations optiques sur toute la plage de distances. Ce dernier arbore une formule optique de type retrofocus tandis que l’extra-plat EF 40 mm f/2, 8 STM hérite de la formule « classique » Planar, augmentée d’un dernier élément à surface asphérique.

Si le 50 mm f/1, 4 incorpore un moteur USM à retouche instantanée, celui-ci est de type cylindrique (Micro USM) qui se distingue avant tout par sa taille, son poids et son cout, très inférieurs à ceux du moteur annulaire (USM), intégré aux objectifs plus lumineux. Quant aux  50 mm f/1, 8 (I et II) et 50 mm f/2, 5 Macro, ils se contentent de simples moteurs électromagnétiques, à la fois plus lents et plus bruyants que leurs alter ego USM et STM. Tous les objectifs TS-E (et donc le 45 mm f/2, 8) ne proposent que la mise au point manuelle, par l’intermédiaire d’une bague de mise au point « classique ». Cette dernière ainsi que la transmission des informations entre l’objectif et le boitier, via des contacts électriques, autorisent alors une mise au point précise.

Les candidats

Pour cet article, j’ai choisi quatre objectifs standards que j’utilise régulièrement sur mes boitiers 24 x 36 : l’ancien EF 50 mm f/1,8, les spécialistes EF 50 mm f/2, 5 Macro et TS-E 45 mm f/2, 8 ainsi que l’objectif “pancake” Voigtländer Ultron 40 mm f/2 SL2. Chacun des objectifs possède son propre caractère en termes de rendu, mais chacun peut aussi servir d’objectif standard unique, en fonction des domaines de prise de vue dans lesquels ils sont utilisés.

Canon EF 50 mm f/1,8

Le Canon EF 50 mm f/1, 8 est l’objectif standard le plus ancien de la gamme EF puisqu’il est sorti en même temps que l’EOS 650, premier reflex autofocus de la marque.

Par rapport à son homologue dans la gamme FD, EF 50 mm f/1, 8 gagne une formule optique un peu plus sophistiquée (6 éléments en 5 groupes au lieu de 6 éléments en 4 groupes) et un traitement multicouche des lentilles. À noter aussi une réalisation mécanique qui n’a rien à envier aux objectifs standards plus anciens : bien que fabriquée en matière plastique, la monture parait très soignée, y compris la baïonnette en métal.

À la différence de l’EF 50 mm f/1, 8 II qui souffre, lui, d’une réalisation très médiocre toute en plastique, y compris pour la baïonnette. Celle-ci est directement intégrée à la partie arrière. Les deux parties de l’objectif étant emboitées à la va-vite, sans vis, la version II du 50 mm f/1, 8  attire de nombreuses poussières entre les deux groupes de lentilles et se désintègre même parfois intempestivement, suite à un choc ou une chute parfois assez anodine.

Si elle bénéficie d’un rapport qualité-prix exceptionnel, mieux vaut donc la considérer comme un consommable, car, dans les mains d’un photographe un tant soit peu baroudeur, elle ne fera donc sans doute pas long feu. La lentille avant de l’EF 50 mm f/1,8, en retrait, est bien protégée contre les lumières parasites et les agressions mécaniques alors que l’élément arrière est assez exposé. La mise au point se fait par le déplacement linéaire de l’ensemble de l’optique, sans rotation de la monture de filtre, autorisant donc l’emploi d’un filtre polarisant. La mise au point automatique, débrayable grâce à un interrupteur AF/M sur le fut de l’objectif, n’est pas aussi rapide et silencieuse que celle de l’EF 50 mm f/1, 4. Mais elle demeure suffisamment précise pour opérer à la pleine ouverture.

L’EF 50 mm f/1,8 (à gauche) est uniquement disponible en occasion, souvent à un prix dépassant celui de son remplaçant (à droite), qui fait encore partie de la gamme actuelle. S’il partagent la même formule optique, la construction mécanique des deux objectifs est très différente : alors que le nouveau ne possède qu’une espérance de vie très limitée, l’ancien est beaucoup plus robuste – le mien, en état neuf, date de 1987 !

Quant à la mise au point manuelle, elle s’appuie sur une bague qui ne brille ni par sa douceur ni par sa progressivité. Mais à la différence du remplaçant, l’EF 50 mm f/1, 8 II, l’objectif affiche les distances de mise au point tout en informant sur la profondeur de champ, par l’intermédiaire de deux séries de repères correspondant à f/11 et f/22.

Léger et compact, le 50 mm f/1,8 demeure aujourd’hui encore, presque trente ans après sa conception, un objectif standard très performant. Canon EOS 5D Mark III, 1/320 s à f/5,6 et 400 ISO.

Caractéristiques techniques

– Focale : 50 mm (équivalent 80 mm sur un reflex au format APS-C)
– Ouverture maximale/minimale : f/1,8 et f/22
– Construction optique : 6 éléments en 5 groupes
– Angle de champ : 46 °
– Distance minimale de mise au point : 0.45 m
– Diamètre de fixation pour filtre : 52 mm
– Diamètre x longueur : 68,2 mm x 43 mm
– Poids : 190 g
– Motorisation AFD, extension linéaire, discontinué

Canon EF 50 mm f/2,5 Compact-Macro

Le positionnement du Canon EF 50 mm f/2, 5 Compact-Macro est aujourd’hui assez ambigu : doté, comme l’EF 50 mm f/1, 8 de première génération, d’un antédiluvien moteur de mise au point de type AFD (Arc-Form Drive), l’objectif offre une luminosité en retrait et un rapport de grossissement indigne d’un objectif estampillé “macro “: le rapport 1 : 1 est uniquement atteint en lui ajoutant un accessoire payant (Life-Size Converter EF ou bague allonge EF-25).

Présenté en décembre 1987 et n’ayant subi que peu de changements depuis (à signaler tout de même le passage de 5 à 6 pétales pour le diaphragme), l’EF 50 mm f/2, 5 Compact-Macro intègre un moteur de mise au point de conception ancienne : beaucoup plus bruyant que celui de l’EF 50 mm f 1,4 USM, il est aussi plus véloce et nettement plus précis que celui de l’EF 50 mm f/1, 8 II.

Bien qu’il s’agisse d’un spécialiste macro, l’ EF 50 mm f/2,5 Macro produit des images très piquées à l’infini. Canon EOS 5D Mark III, 1/13s, f/14 à 100 ISO

De par les matériaux utilisés, l’objectif macro n’a rien à envier aux EF 50 mm f/1, 8 et 50 mm f 1,4 USM. Sous un revêtement en plastique plutôt épais se cachent des barillets en métal et la mise au point est précise tout en étant pleinement opérationnelle, grâce à une véritable bague de mise au point et une course très longue qui est due à la distance de mise au point minimale de seulement 23 cm.

Caractéristiques techniques

– Focale : 50 mm (équivalent 80 mm sur un reflex au format APS-C)
– Ouverture maximale/minimale : f/2, 5 et f/32
– Construction optique : 9 éléments en 8 groupes
– Angle de champ : 46 °
– Distance minimale de mise au point : 0.23 m
– Diamètre de fixation pour filtre : 52 mm
– Diamètre x longueur : 67,6 mm x 63 mm
– Poids : 280 g
– Motorisation AFD, extension linéaire

Canon TS-E 45 mm f/2,8

Situé au milieu d’un premier triplet d’objectifs à décentrement et bascule, le TS-E 45 mm f/2, 8 fait partie des ancêtres de la gamme des objectifs EF. Les objectifs TS-E partagent une conception à l’ancienne, avec un corps entièrement réalisé en métal et une bague de mise au point traditionnelle qui offre une grande précision. Malgré cela, ils sont dotés de composants électroniques permettant de contrôler le diaphragme électrique depuis le boitier et de transmettre des informations entre ce dernier et l’objectif.

La partie avant d’un objectif TS-E est à même de se déplacer pour faire en sorte que l’axe de l’objectif n’est plus perpendiculaire au centre du plan capteur. Lorsqu’elle est décentrée verticalement ou horizontalement, l’axe optique se déplace parallèlement à sa position normale, permettant de corriger les perspectives : pour éviter que les lignes verticales d’un bâtiment convergent vers le sommet, il suffit de décentrer l’objectif vers le haut ; pour éviter de se retrouver face à un miroir ou une vitrine, il suffit de décentrer horizontalement l’objectif. Le décentrement de l’objectif peut également servir à l’assemblage ultérieur d’une image panoramique : à partir de deux vues, la première décentrée à gauche et la seconde décentrée à droite, il est possible d’obtenir une image finale qui s’apparente à une image unique prise directement au grand angle. En plus de la fonction de décentrement, le TS-E 45 mm f/2, 8 propose une fonction de bascule permettant de contrôler la profondeur de champ suivant la règle de Scheimpflug.

TS-E 45 mm f/2,8 est un objectif très polyvalent : que ce soit l’architecture, le paysage, le portrait ou la nature morte, aucune de ces domaines de prise de vue lui est interdite. Canon EOS 5D Mark III, 30 s, f/13 et 100 ISO.

En fonction du résultat souhaité, vous pouvez positionner la netteté sur un des éléments de votre cadrage, sur une partie d’un sujet disposé à l’oblique ou encore sur la totalité du sujet. Il est ainsi possible d’obtenir une profondeur de champ très vaste tout en utilisant une grande ouverture ou de la limiter au point de ne présenter qu’ une zone de netteté très restreinte. Par défaut, l’axe de décentrement est perpendiculaire à l’axe de bascule. Il est assez facile d’y remédier (de manière permanente), soit en passant par le service après-vente du fabricant, soit en effectuant l’intervention chez soi (opération assez simple mais un tant soit peu périlleuse). Sa faible distance de mise au point minimale prédestine le TS-E 45 mm f/2, 8 à la proxiphotographie, avec ou sans bague-allonge ou bonnette macro. À noter aussi sa compatibilité avec les téleconvertisseurs 1,4 x et les doubleurs 2 x de la marque, détail assez peu connu.

Caractéristiques techniques

– Focale : 45 mm (équivalent 72 mm sur un reflex au format APS-C)
– Ouverture maximale/minimale : f/2, 8 et f/22
– Construction optique : 10 éléments en 9 groupes
– Angle de champ : 51 °
– Distance minimale de mise au point : 0.4 m
– Diamètre de fixation pour filtre : 72 mm
– Diamètre x longueur : 81 mm x 90 mm
– Poids : 645 g
– Mise au point manuelle, décentrement (+/-11 mm) et bascule (+/-8°)

Voigtländer Ultron 40 mm f/2 SL II Aspherical

Opticien et fabricant assez confidentiel d’appareils photo et de verres optiques, Cosina est à l’origine de nombreux produits OEM, fabriqués pour d’autres sociétés plus renommées (Canon, Yashica, Nikon, Olympus, Konica, Vivitar, Epson, Rollei et Zeiss). Après avoir acheté les droits pour estampiller plusieurs appareils télémétriques et leurs objectifs assortis du label prestigieux Voigtländer, Cosina continue à utiliser ce dernier pour la série d’objectifs SL/SL 2 pour appareils reflex. Fabriqués en nombre limité, les premiers modèles n’ont connu qu’une distribution à compte-gouttes à l’extérieur du Japon.

La série comporte actuellement cinq objectifs (Color Skopar 20 mm f3, 5, Color Skopar 28 mm f/2, 8, Ultron 40 mm f2, Apo-Lanthar 90mm f/3.5 et Nokton 58 mm f1, 4 pour appareils Nikon, Pentax et Canon) et les Color Skopar 20 mm f3, 5 et Ultron 40 mm f2 existent dans deux versions, dont la plus récente ne se distingue de la plus ancienne que par le revêtement de la bague de mise au point. Les objectifs Voigtländer n’ont rien à envier à d’autres objectifs haut de gamme : réalisés en métal et soigneusement assemblés, certains offrent même une luminosité plus qu’honorable. À l’exception du 58 mm f/1, 4, tous sont particulièrement compacts, au point de pouvoir les qualifier d’objectifs “pancake”. Presque entièrement en métal, du pare-soleil à la monture à baïonnette, en passant par le fut de l’optique, le Voigtländer Ultron 40 mm f2 SL ne mesure que 25 mm et ne pèse que 200g.

Peu encombrant, l’Ultron 40 mm f/2,0 ne demande qu’une petite place dans le fourre-tout. Dommage qu’il soit un peu tombé dans l’oubli depuis la sortie du Canon EF 40 mm f/2,8 STM. Celui-ci est deux fois moins cher, mais il ne possède ni la belle finition ni la grande luminosité du Voigtländer.

La monture EF comporte par sept contacts destinés à transmettre aux appareils Canon l’essentiel des caractéristiques de l’optique (focale, ouverture et distance de mise au point). Vous bénéficierez ainsi de tous les modes d’exposition et modes de mesure. L’Ultron 40 mm f/2 possède une bague de mise au point onctueuse qui ne ferait pas honte à un objectif signé Zeiss ou Leica. Une échelle de profondeur de champ favorise le réglage de la distance hyperfocale bien que celle-ci soit ici moins utile dans la pratique que pour un objectif grand-angle. Par défaut, l’objectif autorise une mise au point à partir de 38 cm ; en ajoutant la bonnette macro fourni, il est possible d’obtenir un rapport de grandissement égal à 0,25 x (1 : 4).

Caractéristiques techniques

– Focale : 40 mm (équivalent 64 mm sur un reflex au format APS-C)
– Ouverture maximale/minimale : f/2 et f/22
– Construction optique : 6 éléments en 5 groupes, une lentille asphérique, diaphragme circulaire à 9 lamelles
– Angle de champ : 57 °
– Distance minimale de mise au point : 0.38 m
– Diamètre de fixation pour filtre : 52 mm
– Diamètre x longueur : 63 mm x 25 mm
– Poids : 200 g
– Livré avec pare-soleil et bonnette macro

Performances optiques

Afin d’évaluer les performances optiques des quatre objectifs, j’ai photographié une grande mire (100 x 150 cm) à différentes ouvertures (de l’ouverture maximale à f/16). La mire est composée de pas moins de 17 zones d’analyse qui permettent de mesurer la résolution et l’aberration chromatiques sur l’ensemble du champ cadré. Afin d’obtenir un éclairage homogène et uniforme de la mire, j’ai utilisé deux flashs de studio dotés de parapluies réflecteurs et un flashmètre pour vérifier et contrôler l’uniformité de l’éclairement de la mire. Le mode LiveView et la fonction Loupe au grandissement maximal m’ont permis d’effectuer une mise au point manuelle très précise. Pour mesurer la fonction de transfert de modulation (FTM) à 50 %, je me suis servi du logiciel Imatest Master, dans sa version 3,6. Ce même logiciel m’a également permis de quantifier l’aberration chromatique latérale. Notez que les chiffres relevés ne sont pas comparables à ceux mesurés par d’autres testeurs utilisant le même logiciel ([photozone.de], [traumflieger.de], etc.), car ils émanent d’une part du matériel utilisé pour la prise de vue (ici un EOS 5D Mark II) et d’autre part de la préparation des fichiers utilisés pour l’analyse (ici des fichiers RAW convertis au format JPEG dans Camera Raw 8.7.1 avec des paramètres par défaut pour l’accentuation).

Les appréciations de qualité dans le texte font référence à la fois à la valeur de transfert de modulation (FTM), mesurée en paires de lignes par hauteur d’image (LW/PH), et le format de tirage (A3 ou A2). Plus ce dernier est important, plus les performances de l’objectif doivent être élevées pour révéler tous les détails du sujet.

Netteté

Canon EF  50  mm  f/1,8

Doté d’une formule optique très classique, de type double Gauss, l’EF 50 mm f/1, 8 offre des performances bonnes (tirage A 2), voire très bonnes (tirage A 3) au centre dès f/1, 8 mais le piqué sur les bords et dans les coins de l’image atteint péniblement une note médiocre (tirage A2) ou bonne (tirage A 3). L’aberration sphérique résiduelle s’estompe au fur et à mesure qu’on ferme le diaphragme et à partir de f/4, le piqué est bon (A2) ou très bon (A3) en périphérie et excellent au centre. Les performances optiques s’améliorent encore sur les bords et dans les coins de l’image jusqu’à f/8 (excellent au format A3 et très bon au format A2) pour diminuer ensuite entre f/8 et f/16. À cette dernière ouverture, il est toujours possible d’obtenir un piqué bon (A 2), voire très bon (A 3), avec une homogénéité parfaite.


Canon EF  50  mm  f/2,5 Compact-Macro

Si l’EF 50 mm f/2, 5 Macro propose dès la pleine ouverture un piqué très honorable au centre (mention très bonne au format A 3 et bonne au format A 2), les bords (bon et moyen aux formats A3 et A2) et les coins (moyen et faible aux formats A 3 et A 2) restent assez doux. Là encore, les aberrations sphériques sous-corrigées y superposent une image floue à l’image nette et il faut fermer à f/5, 6 pour que la netteté des bords rejoigne celle du centre de l’image. Bien qu’il s’agisse d’une caractéristique commune aux objectifs standards lumineux et notamment ceux de conception « classique », dépourvue d’éléments asphériques, le Canon EF 50 mm f 2.5 Compact-Macro se tire tout de même très bien de l’affaire : jusqu’à f/4, les bords sont un peu plus doux que le centre, mais les détails restent toujours parfaitement clairs. Dès f/4,5, l’objectif offre une homogénéité exemplaire qui s’étend du centre jusqu’aux bords de l’image (mention excellente au format A 3 et très bonne au format A 2). Ces performances sont conservées quelle que soit la distance de mise au point. À f/16, le piqué est toujours convaincant, mais il n’est pas toujours avantageux de fermer le diaphragme au-delà pour augmenter la profondeur du champ. Plus vous vissez, plus le piqué souffre au point de devenir une vilaine bouillie de pixels à f/32.


Canon TS-E 45 mm  f/2,8

Le TS-E 45 mm f/2, 8 possède un plus grand cercle d’image exploitable, ce qui est dû à la présence d’un dispositif de décentrement et bascule. Doté d’une formule de type rétrofocus, habituellement attribuée aux objectifs grand-angulaires, il offre une netteté et un pouvoir de contraste globalement un peu moins élevés, surtout à la pleine ouverture : mention bonne (A2) ou très bonne (A3) au centre, moyenne (A2) ou bonne (A3) aux bords et dans les coins de l’image. Il faut fermer à f/5, 6 pour obtenir une résolution maximale au centre et à f/8 ou f/11 pour obtenir les meilleures performances en périphérie. En décentrant entre 8 et 11 mm, il faut diaphragmer à f/11 pour obtenir un très bon rendement homogène. Heureusement, l’objectif résiste bien aux effets de la diffraction. Pour maximiser la profondeur de champ, n’hésitez pas à visser le diaphragme à f/16 (mention bonne en A2 et très bonne en A3), ou f/22.


Voigtländer Ultron 40 mm f/2 SL II Aspherical

La pleine ouverture du Voigtländer 40 mm f/2 est déjà satisfaisante (mention moyenne ou bonne en périphérie et bonne ou très bonne au centre). En fermant le diaphragme, le piqué s’améliore pour devenir très bon ou excellent au centre et bon ou très bon partout ailleurs dans l’image. Entre f/5, 6 et f/11, les performances sur les bords et dans les coins rejoignent et dépassent même parfois celles au centre de l’image, le piqué étant excellent (format A3) ou très bon (format A2). Globalement, la résolution et le contraste plafonnent à un niveau un peu plus bas que celui des Canon EF 50 mm f/1,8 et f/2,5. Mais le piqué est un peu plus homogène. C’est seulement avec la bonnette macro livrée que les performances optiques baissent d’un cran, notamment  sur les bords.


Distorsion et vignetage

A la distance mesurée, la distorsion est inexistante avec l’ EF 50 mm f/2,5 Macro, peu sensible avec le TS-E 45 mm f/2,8 et sensible mais encore peu gênante avec l’Ultron 40 mm f/2 et l’EF 50 mm f/1,8. Le vignetage du 50 mm f/1,8 est assez marqué à f/1,8 et f/2 mais il disparaît dès f/4. Celui du 50 mm f/2,5 Macro est visible (et gênant) à f/2,5, mais il disparaît dès f/5,6. Grâce à son cercle d’image plus généreux, le TS-E 45 mm f/2,8 est relativement insensible au vignetage. Visible à pleine ouverture, mais peu gênant, il s’estompe progressivement à partir de f/4. Quant à l’Ultron 40 mm f/2, il souffre d’un vignetage assez marqué qui devient négligeable à partir de f/4.


Aberration chromatique

Parmi les objectifs testés, le TS-E 45 mm f/2,8 est le seul qui présente une forte aberration chromatique latérale qui nécessite une compensation logicielle. De manière générale, plus le décentrement est important, plus les franges colorées deviennent gênantes. Mais finalement, une correction automatique telle qu’elle est proposée par Capture One Pro, Camera Raw/Lightroom  et DxO Optics Pro est à même de faire disparaître les artéfacts colorés sans que cela dégrade les performances optiques.

Flare et Reflets parasites

Doté d’une  lentille frontale qui se situe au fond du corps avant de l’objectif et qui fait ainsi figure de pare-soleil incorporé, l’ EF  50 mm f/2,5 Macro offre une très bonne protection contre les lumières parasites, meilleure que celle de ses concurrents. Suivent l’Ultron 40 mm f/2, le TS-E 45 mm f/2,8 et l’ EF 50 mm f/1,8, ce dernier étant le plus sensible aux lumières parasites.

Bokeh

Le rendu des parties hors profondeur du champ (bokeh) des images est une des caractéristiques les plus importantes d’une optique de qualité, mais elle est également la plus difficile à évaluer. Parmi les optiques évaluées, le TS-E 45 mm offre le bokeh le plus agréable, aidé par son diaphragme à huit pétales. Il est suivi de près de l’Ultron 40 mm f/2, à égalité, puis de l’EF  50 mm f/2,5 Macro dont le diaphragme incorpore six lamelles. Lanterne rouge à l’EF 50 mm f/1,8 qui produit un bokeh assez nerveux et donc souvent peu esthétique.

En guise de conclusion

Si aucun des objectifs ci-présents ne possède de quoi pousser les rois actuels parmi les objectifs standards (Zeiss Otus 55 mm f/1, 4 et Sigma 50 mm f/1, 4 Art) de leur trône, chacun se distingue par des performances optiques à même de satisfaire la majorité des utilisateurs même exigeants.

Tous possèdent leur propre personnalité : si l’EF 50 mm F/2, 5 Macro possède une grande polyvalence, le Voigtländer Ultron 40 mm f/2 séduit les photographes de reportage et les voyageurs grâce à une très grande compacité et une robustesse à toute épreuve. Le TS-E 45 mm f/2, 8 s’adresse au photographe créatif qui souhaite jouer avec les fonctions de bascule et de décentrement qui le prédestinent à la photo de produit, la photo d’architecture et le paysage.

Mais il se prête aussi bien au portrait, sous condition de conserver un peu de recul pour ne pas introduire des déformations de perspective — la fonction de bascule permet alors de placer la netteté sur les yeux tout en plongeant les autres parties de l’image dans un flou vaporeux. Certes, il ne s’agit pas d’un objectif facile d’emploi et la maitrise de ses réglages demande un apprentissage lent et laborieux.

Quant à l’EF 50 mm f/1, 8, il  continue à me surprendre. Bien qu’il s’agisse d’un objectif très bon marché (mais uniquement disponible sur le marché d’occasion), il offre des performances optiques très élevées, sous condition de trouver un exemplaire en bon état. Certes, l’ancien moteur AF-D n’est pas toujours d’une précision à même de produire des images nettes aux grandes ouvertures, mais l’objectif partage cet inconvénient avec son remplaçant, l’ EF 50 mm f/1, 8  II dont la construction mécanique s’avère nettement plus fragile à l’usage.

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