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La couleur : entre désir et réalité

La couleur : entre désir et réalité

Autrefois considérée comme un luxe, la photographie en couleurs a connu un succès sans précédent. Pourtant, la couleur reste une des notions les plus complexes, la maitriser revient à marcher sur la corde raide entre l’objectif et le subjectif, la science et l’art.

Il a fallu attendre le milieu des années 1960 pour que le film couleur supplante peu à peu le film noir et blanc, puis le début des années 1980 pour qu’il conquière la première place dans quasiment tous les domaines de la photographie. Plusieurs photographes ont donné leurs lettres de noblesse à la photographie en couleurs, considérée au départ comme inférieure d’un point de vue artistique – Irving Penn, Eliot Porter, Ernst Haas, Steve Mc Curry, Franco Fontana et Guy Bourdin, pour ne citer qu’eux, allaient la marquer de leur empreinte inimitable.  

De manière générale, la reproduction de la réalité n’a jamais été la condition sine qua non pour faire de la photo en couleurs. Chacune des pellicules du marché était (et est toujours) dotée de sa propre personnalité, plus ou moins éloignée d’une fidélité absolue des couleurs. Celle-ci n’était recherchée que par quelques spécialistes très pointus alors que la grande majorité des photographes affectionnait les couleurs plus ou moins vives d’une Kodachrome, Ektachrome ou Velvia, considérées comme étant « justes » pour peu que les tons chair et les tons neutres fussent restitués correctement.

Pour définir une couleur, on s’appuie le plus souvent sur trois propriétés, définies par une approche physiologique et perceptuelle : teinte, saturation et luminosité. La teinte est l’alter ego scientifique de la couleur telle qu’elle est utilisée dans le langage courant. Il s’agit de la propriété la plus remarquable d’une couleur qui permet de la décrire en lui attribuant une longueur d’onde de la lumière. Grâce à la saturation, il est possible de définir la pureté d’une couleur. Quant à la luminosité, elle se sert de l’ échelle de gris pour définir l’intensité d’une couleur, les couleurs lumineuses étant situées en haut, les couleurs sombres au bas de l’échelle.  

L’avènement de la photographie numérique a changé la donne : désormais, la plupart des photographes désirent restituer les « véritables » couleurs du sujet, indépendamment du fait que celles-ci sont inévitablement modifiées par la suite. Toutefois, malgré les promesses des fabricants, les appareils ne sont guère capables de faire des tours de passe-passe. Tout d’abord, le réglage automatique ou manuel de la balance des blancs n’est pas si simple qu’on pourrait le penser : chaque appareil interprète les couleurs différemment et il n’est pas toujours possible de trouver un réglage pertinent à la fois pour les hautes lumières et les ombres, et notamment en cas de mélange de plusieurs sources d’éclairage. Ensuite, l’appréciation des couleurs varie en fonction de l’état de santé, l’âge et l’environnement de travail de l’observateur. Enfin, le hardware (appareil photo, objectif, carte graphique, écran, imprimante, vidéoprojecteur, etc.) et le software (logiciel de conversion, éditeur d’images, moteur de gestion des couleurs, logiciel de calibrage, pilote d’imprimante, etc.) ont également un impact considérable sur la reproduction des couleurs, chaque élément de la chaîne d’image y apportant une interprétation qui lui est propre.  

Nous la tenons pour acquise et pourtant la couleur est le moyen d’expression le plus important pour restituer une ambiance. Pour ne pas détruire cette dernière, la prudence est donc souvent de mise à la prise de vue et au post-traitement.

Par ailleurs, le fameux Delta E, unité de mesure pour exprimer la différence entre les couleurs idéales et réelles, n’est pas toujours adapté à la photographie telle qu’elle est pratiquée par la grande majorité des photographes : une forte déviation de couleur vers les teintes chaudes produit parfois un résultat qui est perçu comme visuellement plus agréable que la couleur censée être neutre. Le subjectif prime donc souvent sur l’objectif, tant que les couleurs proches de la mémoire de l’observateur (peau, ciel, végétation, etc.) sont respectées.   

Hormis un investissement conséquent en temps et en argent, la fidélité des couleurs reste un idéal qui sera difficile à atteindre. Mais sous condition d’avoir étalonné votre écran, vous pouvez tout de même corriger les couleurs de vos images de manière efficace. S’il est intéressant d’établir un point de départ le plus « neutre » possible dans votre logiciel de développement RAW, la fidélité des couleurs n’est pas un but en soi dans l’image finale. Laissez libre cours à votre sensibilité artistique, mais méfiez-vous de l’action des curseurs Saturation et Vibrance : appliqués de façon exagérée, ceux-ci détruisent souvent des informations précieuses, impossibles à rattraper par la suite. Par ailleurs, la saturation excessive fait partie des sept péchés capitaux d’un photographe – si votre image réclame une intervention aussi musclée, elle manque surement d’attraits…

La couleur de la lumière est définie par sa température sur l’échelle des kelvins (K). Celle-ci détermine la couleur d’une source de lumière en la comparant à celle d’un matériau étalon dont le spectre d’émission est similaire à celui de la couleur en question lorsqu’il est chauffé à une température entre 1800 et 10 000 K. Au fur et à mesure que sa température monte, le « corps noir » émet des rayonnements de plus en plus froids.

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