0
Your cart is currently empty

La distance focale : à géométrie variable

La distance focale : à géométrie variable

Avant chaque prise de vue, un photographe doit se poser la question suivante :  le sujet principal doit-il occuper une grande partie du cadre pour ainsi dominer l’image ou doit-il plutôt s’insérer dans un espace apparemment plus vaste ? Pour intervenir sur la taille relative du sujet, il est possible de déplacer l’appareil photo ou d’employer un objectif avec une distance focale différente. Un objectif de courte focale réfracte plus fortement la lumière. Les rayons lumineux y convergent vers un foyer qui se situe tout juste derrière l’objectif, de façon à ce que tous les rayons qui participent à la création de l’image se concentrent sur une petite zone. Un objectif de longue focale réfracte moins la lumière. Les rayons ne s’y croisent pas avant d’être suffisamment éloignés du centre de l’objectif pour former une image de plus grande dimension.

Sur un objectif, la distance comprise entre ce foyer et le centre de l’objectif s’appelle la distance focale, ou, plus simplement, focale. Cette dernière se mesure généralement en millimètres et sa valeur est inscrite sur le fut de l’objectif. Elle dépend de différents facteurs, et notamment de l’épaisseur, de la courbure, du type de verre, de l’indice de réfraction et de l’interaction entre les différentes lentilles.

L’angle de champ d’un objectif standard correspond peu ou prou à celui couvert par l’œil humain. Les dimensions relatives des objets semblent identiques à celles que nous voyons, tout comme la netteté des sujets proches ou éloignés. La notion du « standard » ou « normal » est lié au format du capteur. Lorsque la distance focale est proche ou égale à la longueur de la diagonale du capteur, elle est « normale ». Par exemple, la diagonale d’un capteur « plein format (24 x 36 mm) mesure environ 43 mm ; on considère donc un objectif de 40 à 55 mm comme un objectif à focale normale. Pour les formats de capteurs plus petits, la diagonale mesure respectivement 28 (APS-C Fuji, Nikon, Pentax et Sony), 27 (APS-C Canon) et 22 mm (Micro Four Thirds).

Rappelons que les objectifs ne restituent pas la réalité de façon objective. Si l’œil humain s’appuie sur le cerveau pour faire apparaitre la tridimensionnalité des objets, l’objectif ne distingue que deux dimensions, la troisième étant simulée par l’éclairage, la profondeur de champ et l’effet de perspective détachant le sujet de l’arrière-plan. L’angle de vision de l’œil diffère de l’angle de vue des objectifs, l’image perçue étant corrigée et interprétée par le cerveau.

Le choix d’une focale (ici 100 mm) influe fortement sur la relation entre les différents éléments dans votre composition. Ici, j’ai voulu resserrer le cadre sans pour autant introduire une compression trop importante des différents plans.

Le rôle d’un objectif interchangeable consiste non seulement à étendre le champ d’application d’un boitier, mais également à donner au photographe la possibilité de concrétiser ses propres idées d’images. Pour peu qu’elle ne soit pas le fruit du hasard, une photo naît grâce à un savant cocktail entre idée d’image, sujet, point de vue, lumière et focale. Cette dernière joue donc un rôle éminent dans la composition d’une image. Si vous ne modifiez pas la distance qui vous sépare de votre sujet, les changements de focale n’ont qu’un effet négligeable sur la perspective. Si vous déplacez l’appareil, tout en changeant la distance focale, la perspective se trouve sérieusement modifié. La taille des objets et leur éloignement par rapport à l’appareil photo subissent alors des déformations tantôt heureuses tantôt préjudiciables. Si vous vous approchez du sujet tout en utilisant un objectif de courte focale pour obtenir un champ plus large, les distances entre les différents plans sont multipliées. Si vous reculez tout en utilisant un objectif de longe focale pour obtenir un champ plus serré, les plans sont agrandis et resserrés. Dans le premier cas, l’écart entre les tailles relatives des sujets situés au premier plan et à l’arrière-plan est exagéré, dans le second cas, il peut être relativisé.

Si vous possédez plusieurs objectifs à focale fixe et/ou à focale variable, vous pouvez en tirer parti pour obtenir l’effet d’image souhaité. Le libre choix du point de vue et du cadrage n’est alors possible qu’avec la focale appropriée. Mais si on pourrait penser que l’usage inflationnaire d’objectifs à focale fixe ou le changement illimité de focales sur un objectif zoom constituent les meilleurs garants pour des images fortes, c’est plutôt le contraire : la présence d’une pléthore d’objectifs dans votre sac photo peut détourner votre attention de l’essentiel, à savoir le sujet et la composition, tout en provoquant des douleurs musculaires. Mieux vaut bâtir son parc d’objectifs progressivement, en fonction de ses sujets de prédilection. Ne cédez surtout pas à la tentation de vouloir tout faire tout de suite. Apprenez à bien connaitre chaque focale et ses caractéristiques de rendu et n’hésitez pas à passer une journée entière avec un seul objectif, en variant point de vue, ouverture et distance de mise au point. À la manière de Henri Cartier-Bresson et Bernard Plossu, célèbres adeptes d’objectifs « normaux » à focale standard !    

Si le trio classique composé de zooms 16-35, 24-70 mm et 70-210 mm peut paraître fort séduisant, leur poids conjugué risque de vous mettre du plomb dans l’aile. Il est donc souvent avantageux de remplacer le zoom mitoyen par un objectif 50 mm à focale standard. Par ailleurs, n’ayez pas peur de trous dans la plage des focales : souvent, il suffit de faire quelques pas en direction de votre sujet pour les combler.

Leave a comment

error: Content is protected !!