Henri Cartier Bresson considérait son appareil photo comme un carnet de croquis et aussi comme le prolongement naturel de son oeil, ce qui parait tout à faut logique puisqu’il privilégiait toujours des objectifs standard. Canon propose aujourd’hui pas moins de soixante-huit optiques et quatre objectifs à focale standard, mais le Canon EF 50 mm f/2, 5 Compact-Macro ne semble pas toujours bénéficier d’une attention à l’image de ses nombreux atouts.
Henri Cartier Bresson considérait son appareil photo comme un carnet de croquis et aussi comme le prolongement naturel de son œil, ce qui parait tout à faut logique puisqu’il privilégiait toujours des objectifs standard.
Pour différentes raisons techniques, la focale standard d’un appareil plein format mesure en réalité 50 au lieu de 43 mm, équivalent de la diagonale du format 24×36 mm. D’une part, avec les viseurs sombres des appareils reflex d’antan la mise au point était ainsi plus facile et d’autre part, une focale un peu plus longue simplifiait aussi l’éloignement de l’élément arrière, permettant au miroir de se déplacer et de fonctionner correctement.
À titre personnel, j’ai utilisé et j’utilise encore un très grand nombre d’objectifs standards, et ce, depuis mon premier appareil photo “sérieux”, un Pentax K1000. J’apprécie particulièrement leur rendu “neutre”, leur grande qualité optique et leur grande ouverture, permettant de produire des fonds flous sans provoquer la ruine du photographe.
Canon propose aujourd’hui pas moins de soixante-huit optiques et quatre objectifs à focale standard, mais le Canon EF 50 mm f/2, 5 Compact-Macro ne semble pas toujours bénéficier d’une attention à l’image de ses nombreux atouts.
Les quatre objectifs standard partagent une même focale et un même angle de champ (46 degrés), mais leurs différences sont de taille. Parmi ces objectifs, le Canon EF 50 mm f/1, 8 II se situe aux antipodes du Canon EF 50 mm f 1,2 L USM : le premier est l’objectif le plus léger et le plus économique de la gamme et le second est à la fois le plus lumineux et le plus onéreux. D’aucuns considèrent l’EF 50 mm f 1,4 USM comme le meilleur objectif standard de la gamme : à peine moins lumineux que l’EF 50 mm f 1,2 L USM, mais aussi quatre fois moins cher et moitié moins lourd, il offre une excellente qualité optique, pour peu qu’on ferme le diaphragme de 2 ou 3 valeurs. Le positionnement du Canon EF 50 mm f/2, 5 Compact-Macro est alors, semble t-il, plus ambigu : doté d’un antédiluvien moteur de mise au point de type AFD (Arc-Form Drive), l’objectif offre une luminosité en retrait et un rapport de grossissement indigne d’un objectif estampillé “macro“ : le rapport 1 : 1 est uniquement atteint en lui ajoutant un accessoire payant, Life-Size Converter EF, vendu aussi cher que l’objectif hôte !
Présenté en décembre 1987 et n’ayant subi que peu de changements depuis (à signaler tout de même le passage de 5 à 6 pétales pour le diaphragme), l’EF 50 mm f/2, 5 Compact-Macro intègre un moteur de mise au point de conception ancienne : beaucoup plus bruyant que celui de l’EF 50 mm f 1,4 USM, il est aussi plus véloce et nettement précis que celui de l’EF 50 mm f/1, 8 II.
De par les matériaux utilisés, l’objectif macro n’a rien à envier à l’EF 50 mm f 1,4 USM. Sous un revêtement en plastique plutôt épais se cachent des barillets en métal et la mise au point est pleinement utilisable, grâce à une véritable bague de mise au point et une course très longue qui est due à la distance de mise au point minimale de seulement 23 cm.
L’objectif est sans doute plus robuste que les deux autres susmentionnés. Chez un loueur parisien de matériel de prise de vue, un exemplaire du 50 mm f/2, 5 Compact-Macro avait survécu une dizaine d’années sans tomber en panne une seule fois. Cela témoigne de la robustesse de l’objectif, rudoyé au fil des années par de centaines de photographes professionnels.
L’EF 50 mm f/1, 8 II souffre en revanche d’une réalisation très médiocre toute en plastique, y compris pour la baïonnette. Composé de deux parties emboîtées à la va-vite, l’objectif attire d’une part de nombreuses poussières entre les deux groupes de lentilles et de l’autre se désintègre même parfois intempestivement. Bien qu’il bénéficie d’un rapport qualité-prix exceptionnel, mieux vaut le considérer comme un consommable, car, dans les mains d’un photographe un tant soit peu baroudeur, il ne fera donc sans doute pas long feu.
Presque quatre fois plus cher que le « nifty fifty », surnom qui lui a été attribué par des photographes anglophones, l’EF 50 mm f 1,4 USM est d’une réalisation plus sérieuse, d’autant plus qu’il intègre un moteur de mise au point de type Micro-USM avec retouche de mise au point (FTM). Cependant, il possède une faiblesse majeure : faute d’une mise au point interne, le barillet avant fragilise l’objectif en cas de choc frontal. Le moindre heurt donne lieu à un blocage de la mise au point et au pire au dernier soupir du moteur Micro-USM. Il s’agit donc d’un objectif à conseiller aux photographes soigneux et prudents et à contre-indiquer aux photographes baroudeurs.
Les deux objectifs souffrent d’un autre défaut qui rend leur utilisation à pleine ouverture assez hasardeuse : un important jeu mécanique provoquant des dysfonctionnements de la mise au point automatique (frontfocus ou backfocus) qui ne se rattrape à l’infini ou en fermant le diaphragme de quelques valeurs. Ce phénomène n’est pas réservé aux appareils reflex numériques : je me souviens encore de mes difficultés pour obtenir des photos nettes aux grandes ouvertures avec mes Canon EOS 1 et 1n et l’EF 50 mm f 1,4 USM. Si ce décalage de la mise au point suffit pour ruiner des prises de vue, il est d’autant plus gênant qu’il intervient de manière fluctuante. Ainsi, nombreux sont les témoignages sur le Web attestant notamment à l’EF 50 mm f/1, 8 II une mise au point automatique aléatoire. Il suffit en effet de mettre l’appareil sur pied, le pointer sur un sujet et effectuer plusieurs fois une mise au point automatique pour s’en convaincre : l’image sera tantôt nette, tantôt légèrement floue.
Avec l’EF 50 mm f/2, 5 Compact-Macro, je n’ai constaté rien de tel : bien qu’un tantinet laborieuse et lente lorsque le contraste est défaillant, la mise au point accroche précisément là ou il faut. Il n’est donc pas nécessaire d’engager la visée LiveView pour obtenir des images bien définies à la pleine ouverture. L’objectif possède un dispositif à lentilles flottantes. Alors que le groupe avant (sept éléments de type Gauss) se déplace de manière linéaire, le groupe arrière (deux éléments) demeure immobile et compense ainsi les aberrations optiques aux distances de mise au point les plus courtes.
Lors de l’essai du Voigtländer Ultron 40 mm F/2 , j’ai constaté les médiocres performances de mes deux objectifs standard, Canon EF 50 mm f 1.4 USM et Canon EF 50 mm f 1.8 II, montés sur un appareil à capteur plein format EOS 5D Mark II.
S’ils proposent dès la pleine ouverture un piqué très honorable au centre (sous condition d’assister la mise au point manuellement en mode Live View…), les bords restent désespérément doux. Les aberrations sphériques sous-corrigées y superposent une image floue à l’image nette et il faut fermer à f/5, 6 pour que la netteté des bords rejoigne celle du centre de l’image. Bien qu’il s’agisse d’une caractéristique commune aux objectifs standard lumineux et notamment ceux de conception « classique », dépourvue d’élements asphériques, le Canon EF 50 mm f 2.5 Compact-Macro souffre beaucoup moins des aberrations sphériques : jusqu’à f/4, les bords sont un peu plus doux que le centre, mais les détails restent toujours parfaitement clairs. Dès f/4,5, l’objectif offre une homogénéité exemplaire qui s’étend du centre jusqu’aux bords de l’image. Qui plus est, les performances sont conservées quelle que soit la distance de mise au point. A noter qu’il n’est pas toujours avantageux de fermer le diaphragme au-delà de f/13 pour augmenter la profondeur du champ. Plus vous vissez, plus le piqué souffre au point de devenir une vilaine bouillie de pixels !
Si la distorsion est négligeable à l’infini, elle augmente de manière inversement proportionnelle à la distance de mise au point. Pour un usage “reprophotographique”, mieux vaut donc la corriger par voie logicielle. Le vignetage est visible (et gênant) à f/2,5, mais il disparaît dès f/5,6. Quant aux aberrations chromatiques, elles sont quasiment inexistantes – belle performance !
Canon n’a jamais livré et proposé de pare-soleil avec cet objectif. Et pour cause, la lentille frontale se situe au fond du corps avant de l’objectif qui fait ainsi figure de pare-soleil incorporé. Il en résulte une très bonne protection contre les lumières parasites, meilleure que celle de ses concurrents.
Grâce aux six pétales du diaphragme, le bokeh, c’est à dire le rendu des parties hors profondeur du champ (bokeh) des images est nettement plus agréable que celui du 50 mm f 1.8, très « nerveux » lorsque l’arrière-plan est proche. Toutefois, la grande ouverture et le diaphragme circulaire aidant, le 50 mm f 1.4 produit un rendu encore plus moelleux. Toutefois, compte tenu de sa faible ouverture maximale, le bokeh du 50 mm Compact-Macro est plutôt harmonieux.
Mise à part sa qualité optique, rien semble prédestiner le 50 mm Compact-Macro à prendre la relève des autres objectifs susnommés. Doté d’un dispositif vieillissant pour la mise au point, il est aussi presque trois fois plus cher que le modèle le plus économique et deux fois moins lumineux. De plus, pour un objectif macro, il ne propose qu’un rapport de grossissement riquiqui et une distance de travail qui fait fuir des sujets même moyennement farouches. Que lui reste t-il ? Pour ma part, ses avantages m’ont incité à me délester de mon Canon EF 50 mm f 1.4 USM qui était séduisant sur le papier mais décevant sur le terrain.
Je trouve le 50 mm Compact-Macro suffisamment lumineux pour le portrait à main levée et bien adapté à une utilisation généraliste, grâce à une excellente qualité, une distance de mise au point idéale pour des vues rapprochées et une constitution suffisamment costaude pour un usage tout-terrain. Il s’agit en réalité d’un objectif “universel” qui, au lieu de briller dans un domaine précis, réussit assez bien son rôle d’objectif de base…
Pour accéder au sacro-saint rapport 1 :1, il n’est pas nécessaire d’acquérir le très onéreux Life-Size Converter EF. Une bague allonge de type EF 25 ou EF 25 II suffit amplement. On perd simplement l’optimisation des performances optiques entre 1 : 2 et 1:1, telle que proposée par le convertisseur macro.
Pour s’approcher davantage (attention à l’ombre de l’objectif sur le sujet photographié…), vous pouvez ajouter une bonnette macro (Canon 250D ou 500D) ou alors intercaler un “extender” ou un doubleur entre la bague allonge et le boîtier. Envisagez aussi l’achat d’un objectif macro à focale plus longue (70 mm, 100 mm, 150 ou 180 mm), plus adapté à la prise de vue de sujets craintifs.
Voici les autres alternatives au 50 mm Compact-Macro. J’ai volontairement écarté les objectifs de type APS-C, dont la couverture est insuffisante pour un capteur plein format (Canon EF-S 60 mm f/2,8 Macro et Tamron SP AF60mm f/2,0 Di II Macro) et les objectifs adaptables via un adaptateur (notamment le Voigtländer 58mm f/1,4 SL II).
Sigma 50 mm F2, 8 EX DG : d’une excellente qualité optique, le Sigma est aussi un peu moins costaud que le Canon. En revanche, il propose d’emblée un rapport de grossissement de 1:1. Un peu plus cher.
Sigma 50 mm F1,4 EX DG : objectif ultra-lumineux par excellence, le Sigma 50 mm F1,4 est plus lourd (500 g), gros (diamètre de filtre de 77 mm) et cher (400 euros environ) et il souffre du même manque d’homogenéité aux ouvertures les plus grandes que l’alter ego de chez Canon. Toutefois, sa construction est bien plus sérieuse et c’est un Sigma : préparez-vous à d’éventuels soucis de compatibilité avec les futurs boîtiers Canon.
Carl Zeiss Planar T* 50 mm F 1,4 ZE : objectif à mise au point manuelle, le Zeiss Planar offre une réalisation somptueuse. Mais sa qualité optique n’est guère meilleure que celle de ses concurrents de chez Canon et Sigma. A noter aussi son prix d’achat, nettement supérieur (600 euros environ).
Carl Zeiss Makro Planar T*50 f2 ZE : en un mot, c’est l’objet sublime. Doté d’un excellent piqué dès sa pleine ouverture, le Makro Planar possède aussi une construction mécanique somptueuse. A l’instar du Canon, il possède un dispositif à lentilles flottantes, lui permettant de conserver ses performances optiques de l’infini jusqu‘à la distance minimale (0,24 m, il n’offre donc qu’un rapport 1:2…). Certains lui reprocheront l’absence d’une mise au point automatique, toutefois, compte tenu de sa luminosité, la mise au point manuelle sera toujours facile et très rapide.
Focale : 50 mm (équivalent 80 mm sur un reflex au format APS-C)
Ouverture maximale/minimale : f/2,5 et f/32
Construction optique : 9 éléments en 8 groupes, diaphragme à 6 lamelles
Angle de champ : 46 °
Mise au point : manuelle ou automatique (moteur AFD), interrupteur pour le passage au mode manuel
Distance minimale de mise au point : 0.23 m
Diamètre de fixation pour filtre : 52 mm
Diamètre x longueur : 67,6 mm x 63 mm
Poids : 280 g
Prix : 300 euros environ