Savoir cadrer ses images est l’une des vertus les plus importantes d’un photographe. Pour y parvenir, celui-ci doit non seulement prendre en considération des aspects créatifs, mais également des aspects techniques. Voici ce qu’il faut savoir.
La photographie est un médium très subjectif, et ce, malgré la manière apparemment objective avec laquelle elle reproduit ce que se trouve devant l’appareil photo. Le rôle du photographe consiste à déterminer l’instant précis de l’exposition, la quantité de lumière qui est acheminée vers la surface sensible et, surtout, les éléments à inclure dans l’image. Le contenu de cette dernière est défini par le format du capteur, l’angle de champ de l’objectif et, dans une moindre mesure, la couverture du viseur et/ou afficheur arrière.
Avec l’avènement de l’appareil photo numérique, la notion de focale est devenue, c’est le moins qu’on puisse dire, un véritable casse-tête. Alors qu’il était établi qu’une focale de 50 mm corresponde, en 24 x 36, à un objectif standard et une focale de 28 mm à un objectif grand-angle, il faut désormais composer avec le coefficient de conversion de focale, égal à 1,5 ou 1,6 fois pour un capteur APS-C et 2 fois pour un capteur Micro 4/3. Notez que la focale d’un objectif fait partie de ses caractéristiques intrinsèques. Elle ne change donc pas en adaptant l’objectif sur un appareil doté d’un capteur plus petit. En revanche, l’angle de champ se réduit au fur et à mesure que la taille du capteur diminue, introduisant un cadrage de plus en plus serré.
Le cadrage est un des outils de création les plus efficaces en photographie. Il contribue de façon significative à l’impact visuel d’une image et c’est par lui que commence la composition, en faisant correspondre le format et les proportions d’une image à son contenu. Le choix entre les formats portrait et paysage est alors l’une des décisions les plus importantes : le format des capteurs est rectangulaire et il est donc souvent d’une importance cruciale si l’orientation de ce rectangle est horizontale ou verticale. Étant donné que l’appareil photo est plus confortable à manipuler en position horizontale, certains photographes ne prennent que des photos au format paysage. Or, le format vertical sied particulièrement à certains sujets, par exemple des personnes debout ou des immeubles de grande hauteur. Mais même avec de tels sujets, il y a des situations dans lesquelles vous pouvez jongler entre les deux formats. Les images au format paysage paraissent généralement plus statiques que les images au format portrait, ces derniers semblent plus dynamiques, car elles nous rappellent la maitrise de la gravité. Mais souvent, les images les plus impressionnantes sont celles qui vont à l’encontre de nos attentes : en photographiant un paysage au format portrait, vous pouvez inclure davantage de détails au premier plan et/ou à l’arrière-plan, en saisissant un portrait au format paysage, il vous est possible de rompre avec une composition symétrique.
Vous pouvez également modifier le cadrage et ainsi l’impact de l’image sans changer votre point de vue. Pour cela, il suffit d’échanger votre objectif contre un autre avec une focale plus courte ou plus longue, voire de déplacer la bague de variation de focale de votre objectif zoom. Le téléobjectif permet d’agrandir votre sujet principal tout en couvrant un angle de champ plus restreint. Quant à l’objectif grand-angle, il augmente celui-ci tout en diminuant la taille apparente des objets. Cependant, le changement du cadrage et du rapport de réduction n’est pas le seul intérêt des objectifs interchangeables, loin de là. Avec un grand-angle, vous traduisez au mieux la troisième dimension, avec un téléobjectif, vous la réduisez à une représentation purement bidimensionnelle. Le changement de perspective exige alors une variation à la fois de la focale et de la distance qui vous sépare de votre sujet.
Hormis la focale de l’objectif, le format et les proportions de la surface photosensible influent fortement sur le cadrage des images. Nombreux sont ceux qui considèrent que c’est un sacrilège de modifier les proportions imposé par le capteur, plus allongé pour le 24 x 36 et l’APS-C et plus « trapu » pour le Micro 4/3. Il s’agit là sans doute d’un vestige du bon vieux temps de la photographie argentique : à l’époque, il était de bon ton de conserver coûte que coûte les marges noires du film sur le tirage pour prouver son « intégrité » artistique. La standardisation forcée des formats se poursuit jusque dans les proportions du tirage : si les standards américains et européens des papiers photo prônent des rapports proches de ceux des capteurs Micro 4/3, les formats des papiers jet d’encre se conforment peu ou prou aux proportions des capteurs les plus répandus. Mais ce n’est pas pour autant une raison de se faire esclave des standards en vigueur. N’hésitez donc pas à recadrer l’image finale si votre format de prise de vue ou de tirage ne s’accorde pas soit à votre intention artistique, soit aux contraintes particulières de la composition, quitte à choisir un format panoramique.
Si la définition des capteurs actuels nous autorise à définir le cadrage à postériori, confortablement installé devant un écran, il ne faut pas pour autant céder à la facilité – d’une part, il est impossible de ressusciter les éléments que vous avez éliminés à la prise de vue et d’autre part, mieux vaut fixer ses priorités créatives quand les impressions du sujet sont les plus fraîches.
Si la définition des capteurs actuels nous autorise à définir le cadrage à postériori, confortablement installé devant un écran, il ne faut pas pour autant céder à la facilité – d’une part, il est impossible de ressusciter les éléments que vous avez éliminés à la prise de vue et d’autre part, mieux vaut fixer ses priorités créatives quand les impressions du sujet sont les plus fraîches.