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L’intelligence artificielle : la fin du plaisir ?

L’intelligence artificielle : la fin du plaisir ?

Force est de constater que l’intelligence artificielle va révolutionner notre vie quotidienne, notre monde du travail ainsi que notre société tout entière dans les années à venir. Toutefois, il existe peu de sujets qui divisent les esprits autant : si les uns la considèrent comme une opportunité, les autres y voient plutôt une menace. Une chose est sure, l’intelligence artificielle a déjà pris pied dans l’univers de la photo et elle y restera solidement implantée à l’avenir.

Pour l’instant, elle vise en premier lieu le marché grand public, comme en témoigne la prolifération des automatismes intelligents dans les appareils photo des smartphones. Ces derniers affichent désormais des performances d’un niveau impensable il y a encore quelques années, grâce à un jeu d’algorithmes permettant de surmonter les obstacles posés par la faible taille des capteurs et objectifs : citons par exemple les modes « Vision de nuit » et « Portrait » des Google Pixel 3 et Apple iPhone X qui tirent parti de l’apprentissage automatique pour améliorer la restitution des détails en faible luminosité ou créer une faible profondeur de champ avec un effet de flou (bokeh) prononcé.

En équipant la prochaine génération des smartphones de capteurs 3D, il sera sans doute possible de produire des selfies et des photos haute résolution dépourvues de toute déformation de perspective et distorsion, voire des images avec une distribution de netteté qui simule l’utilisation d’un objectif à décentrement et bascule.

L’intelligence artificielle est un terme collectif pour une grande variété de théories et méthodes mises en oeuvre pour réaliser des machines capables de raisonner et d’agir comme des êtres humains. Elle englobe l’apprentissage automatique qui englobe à son tour l’apprentissage profond. L’apprentissage automatique analyse une grande quantité des données pour y reconnaître, après une phase d’apprentissage, des lois et modèles qu’il confronte ensuite à des données inconnues. L’apprentissage profond utilise un réseau de neurones artificiel pour exécuter des tâches faciles à effectuer par un être humain, mais difficiles à caractériser par des formules mathématiques, par exemple la reconnaissance de la parole et du visage. 

L’essor de l’intelligence artificielle touche également les logiciels d’image. Photolemur et Luminar, pour ne citer que ces deux, utilisent de puissants algorithmes pour améliorer automatiquement des images en fonction de leur contenu et caractéristiques. Il est ainsi possible d’ajuster les hautes lumières et tons foncés, le contraste et l’équilibre des couleurs, de réduire le bruit et les défauts optiques et d’accentuer la netteté et le contraste local des images. Doté d’une interface utilisateur minimaliste, Photolemur s’attaque même à la retouche automatique des portraits. Quant aux logiciels de l’éditeur Adobe, ils bénéficient, par l’intermédiaire de la plateforme Creative Cloud, de la technologie d’intelligence artificielle Adobe Sensei. Celle-ci intervient dans Lightroom et Camera Raw sur le réglage automatique des tonalités et couleurs et dans Photoshop sur la retouche des visages avec le filtre Fluidité. En analysant l’image à retoucher grâce aux métadonnées de plusieurs dizaines de milliers d’exemples retouchés, il est possible d’optimiser le rendu sans pour autant le dénaturer. De même, Adobe Sensei se met au service de la recherche d’images, grâce à des mots-clés qui se basent directement sur une analyse « intelligente » de leur contenu. Le plug-in Excire utilise une approche similaire pour simplifier et accélérer l’organisation et la recherche d’images au sein du catalogue de Lightroom.

S’il ne faut jamais se laisser dominer par la technique, l’intelligence artificielle peut servir à mieux gérer des situations ou il faut ajuster plusieurs paramètres à la fois (ici exposition, mise au point et cadrage).

Si les fabricants d’appareils photo « traditionnels » ne semblent pas particulièrement impatients d’incorporer des nouvelles technologies, les choses commencent à bouger. Le Sony A9, par exemple, se sert de l’intelligence artificielle pour détecter et suivre automatiquement les yeux d’un sujet stationnaire ou mobile et l’Olympus OMD EM1X utilise l’apprentissage profond (deep learning) pour reconnaître le sujet photographié, choisir automatiquement la cible de mise au point et mémoriser ce choix pour les prises de vue à venir. Si l’autofocus fait actuellement l’objet de toutes les attentions, il est tout à possible que les fabricants dirigent leurs intérêts sur d’autres paramètres de prise de vue. Sur le papier au moins, « Arsenal » semble très prometteur. Composée d’un petit boitier fixé sur la griffe flash du boitier et d’une application pour smartphone, la solution s’appuie sur une vaste banque d’images pour vous assister à choisir les réglages de prise de vue les plus appropriés et à automatiser la création et la fusion d’une série d’images pour optimiser la plage dynamique, la profondeur de champ et le temps de pose.

Nombreux sont ceux qui entrevoient dans l’intelligence artificielle le fossoyeur de la photographie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Crainte justifiée au moins en partie, car pour beaucoup de photographes, le chemin est le but, les outils, techniques et procédés utilisés étant au moins aussi importants que le résultat final. Toutefois, en laissant nos appareils photo et logiciels photo prendre à notre place des décisions techniques, nous ne sommes pas pour autant relégués au rang de spectateurs passifs. Si l’intelligence artificielle fera en sorte que l’image finale reflète le plus fidèlement possible l’idée initiale, elle ne pourra jamais remplacer la sensibilité et culture visuelle d’un photographe créatif. A la manière d’un correcteur d’orthographe qui manquera de nous transformer en écrivains, un appareil photo ou logiciel ne fera pas de nous des photographes aguerris, et ce, quelle que soit son intelligence !

Sorti en 1991, le Minolta Dynax 7xi était un des premiers boitiers réflex à intégrer une forme certes assez primitive d’intelligence artificielle. Le microprocesseur incorporé s’appuie sur la logique floue (fuzzy logic) pour contrôler automatiquement l’exposition, la mise au point et le recadrage. Une série de cartes d’extension était taillée sur mesure pour répondre à des situations précises (portrait, paysage, photo de nuit, etc.)

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