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Samyang 50 mm f/1.4 AS UMC : le nouvel étalon ?

Samyang 50 mm f/1.4 AS UMC : le nouvel étalon ?

Fréquemment délaissés au profit des zooms transstandards, les objectifs standards connaissent actuellement un retour en force, et notamment lorsqu’ils bénéficient de caractéristiques ambitieuses. Le Samyang 50 mm f/1.4 AS UMC peut-il rivaliser avec les nouvelles étoiles au firmament des focales standards ?

Équipé d’un Zeiss Otus 55 mm f/1,4, Nikkor AF-S 58 mm f/1,4 G, Sigma A 50 mm f/1,4 DG HSM ou Sony/Zeiss 55 mm f/1,8 FE, un appareil reflex ou hybride au capteur 24 x 36 permet de marcher sur les traces de Henri Cartier-Bresson, avec, en prime, une qualité optique qui rendrait jaloux le photo-reporter célèbre. Le Samyang 50 mm f/1.4 AS UMC promet d’en faire autant, mais à moindres frais.

L’homme au Rolleiflex, Breisach/Allemagne. Lui aussi utilise un objectif à focale standard ! Canon EOS 5D Mark III, Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC, f/5,6, 1/640 s à 200 ISO.

Réalisation mécanique

Depuis quelques années déjà, l’opticien coréen propose des objectifs qui n’ont que peu de choses à envier à d’autres objectifs beaucoup plus onéreux. Il était donc logique de combler le trou dans la gamme, entre le 35 mm f/1, 4 et le 85 mm f/1, 4, avec un objectif standard tout aussi lumineux. Le Samyang 50 mm f/1.4 existe en deux versions, respectivement dédiées aux photographes et vidéastes : Samyang 50 mm f/1.4 AS UMC et Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC.

Le Samyang 50 mm f/1.4 AS UMC possède une bague de mise au point classique, dotée d’un revêtement caoutchouté. Quant à la bague de diaphragme, elle est crantée par demi-valeurs entre f/2 et f/16 et par valeurs entières entre f/1,4 et 2 et f/16 et f/22.

L’objectif testé, de type Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC, possède une bague de mise au point à la fois douce et progressive dont la course, bien que relativement faible (160°), est suffisante pour faire le point avec précision et ce, même à pleine ouverture. La mise au point se fait via un déplacement linéaire du bloc optique, sans modification des dimensions de l’objectif.

Le Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC intègre des roues dentelées autour de la bague de mise au point et la bague de diaphragme, permettant l’adaptation facile d’un système de Follow focus. La bague de diaphragme a été dé-cliquée pour un réglage progressif de l’ouverture. Au lieu d’afficher l’ouverture théorique, c’est-à-dire le ratio entre la focale et le diamètre de la pupille d’entrée, l’objectif affiche l’ouverture photométrique. À noter aussi que le Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC arbore deux échelles pour la mise au point et deux autres pour la valeur d’ouverture. En revanche, il n’y a pas d’échelle pour la profondeur de champ.

Le Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC : les informations (distance de MaP et ouverture) s’affichent, une fois l’objectif monté sur le boîtier, sur les côtes gauche et droite, ce qui n’est guère pratique pour les réglages en usage photo.

Contrairement à des objectifs plus anciens, la mise au point va au-delà de l’infini, mais, une fois n’est pas coutume, le repère “infini” est correctement calibré. Mise à part la baïonnette, en laiton, les parties apparentes de l’objectif sont en matière plastique. Le filetage frontal reçoit des filtres au diamètre de 77 mm. Samyang livre l’objectif avec son pare-soleil en corolle dédié. Muni d’une baïonnette, le pare-soleil, entièrement usiné d’une matière plastique proche de celle de l’objectif, se fixe assez facilement sur une baïonnette à l’avant de l’objectif. Un point blanc en guise de repère de montage se trouve sur l’objectif, un autre sur le pare-soleil, qu’il est également possible d’adapter à l’envers pour réduire les dimensions de l’ensemble lors du transport. Le pare-soleil est assez efficace.

Le pare-soleil adapté, l’objectif possède des mensurations imposantes. Sans pare-soleil, il est plus compact que ses alter ego chez Sigma et Zeiss.

Il n’y a aucune liaison mécanique ou électronique entre l’objectif (testé en monture Canon EF) et le boitier. De ce fait, le boîtier ignore tout de l’objectif et il est nécessaire de travailler en mode M ou Av (automatisme à priorité d’ouverture). Quant à la mise au point, elle est bien évidemment manuelle et dépourvue de toute assistance à la mise au point. Il faut donc utiliser de préférence un boitier à capteur 24 x 36 et un verre de visée optimisé pour la mise au point manuelle.

Conception optique

Alors que l’Otus 55 mm f/1, 4 et l’Art 50 mm f/1, 4 arborent d’une formule rétrofocus, habituellement réservée aux objectifs grand-angles, le Samyang 50 mm f/1, 4 possède une formule plus classique, de type Planar. Toutefois, celle-ci est assez ambitieuse puisqu’elle se compose de pas moins de neuf éléments, répartis en 6 groupes optiques. Pour lutter contre les aberrations sphériques et chromatiques, l’optique incorpore deux éléments à surface asphérique, dont un élément hybride. Le diaphragme comporte pas moins de huit lamelles pour une forme régulière et quasi circulaire aux ouvertures les plus grandes. Si les lentilles bénéficient d’un traitement antireflet de type multicouche (UMC), la lentille frontale n’est pas particulièrement protégée contre des salissures et projections d’eau.


Dans la pratique

Le Samyang 50 mm f/1, 4 n’est pas vraiment taillé pour la photo d’action. Bien au contraire, puisque la mise au point et le réglage du diaphragme à l’ouverture  maximale, puis à l’ouverture de travail, nécessitent un peu de temps, réservant l’objectif  à des domaines de prise de vue plus calmes (paysage, architecture et portrait). Pour obtenir une mise au point précise, et notamment à pleine ouverture, je vous conseille d’utiliser un verre de visée dédiée ou, avec des sujets immobiles, le mode Live View.

Hohneck/Vosges. Canon EOS 5D Mark III, Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC, f/11, 1/40s à 100 ISO (trépied, mise au point en mode Live View). L’utilisation des commandes reste aisée avec des gants.

Sur l’objectif testé, l’utilisation du diaphragme n’a pas vraiment été aisée :  d’une part, l’absence de crantage rend le réglage délicat sans retour visuel ; d’autre part, celui-ci nécessite de basculer l’appareil, les inscriptions sur la bague de diaphragme étant situées  sur le côté. Bref, pour exploiter tout le potentiel du Samyang 50 mm f/1, 4, il faut avoir accumulé quelques expériences dans la manipulation d’objectifs manuels. Sinon, l’expérience se transforme rapidement en un véritable cauchemar.

Ombres et couleurs, Murbach/Alsace. En faible luminosité, l’utilisation du mode Live View devient incontournable, notamment à pleine ouverture. Canon EOS 5D Mark III, Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC, f/2,8, 1/30 et 0,6 s à 100 ISO. (Prise de vue sur trépied, mode Live View et fusion de deux expositions dans Photoshop)

Performances optiques

Afin d’évaluer les performances optiques de l’objectif, j’ai photographié une grande mire (100 x 150 cm) à différentes ouvertures (de l’ouverture maximale à f/16). La mire est composée de pas moins de 17 zones d’analyse qui permettent de mesurer la résolution et l’aberration chromatique sur l’ensemble du champ cadré. Afin d’obtenir un éclairage homogène et uniforme de la mire, j’ai utilisé deux flashs de studio dotés de parapluies réflecteurs et un flashmètre pour vérifier et contrôler l’uniformité de l’éclairement de la mire. Le mode LiveView et la fonction Loupe au grandissement maximal m’ont permis d’effectuer une mise au point manuelle très précise. Pour mesurer la fonction de transfert de modulation (FTM) à 50 %, je me suis servi du logiciel Imatest Master, dans sa version 3,6. Ce même logiciel m’a également permis de quantifier l’aberration chromatique latérale. Notez que les chiffres relevés ne sont pas comparables à ceux mesurés par d’autres testeurs utilisant le même logiciel (photozone.de, traumflieger.de, etc.), car ils émanent d’une part du matériel utilisé pour la prise de vue (ici un EOS 5D Mark II) et d’autre part de la préparation des fichiers utilisés pour l’analyse (ici des fichiers RAW convertis au format JPEG dans Camera Raw 8.7.1 avec des paramètres par défaut pour l’accentuation). Vous pouvez comparer les résultats avec ceux d’autres objectifs standards, obtenus en utilisant la même procédure : objectifs standards Canon et Voigtländer, objectifs standards anciens.

Netteté, contraste et restitution des couleurs

Grâce à l’incorporation de deux éléments asphériques, les performances du Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC sont déjà satisfaisantes à f 1,4  : mention moyenne (A2) ou bonne (A3) en périphérie et bonne (A2) ou très bonne au centre (A3). En fermant le diaphragme d’un seul cran, le piqué s’améliore au point de devenir très bon (A2) ou excellent (A3) au centre et bon (A2) ou très bon (A3) en périphérie. Le meilleur piqué est atteint à f/4 au centre (excellent au format A2) et à f/5,6  aux bords et coins (mention très bonne ou excellente). La diffraction intervient dès f/8, avec une perte qui reste encore raisonnable à f/16 : piqué bon (A2) ou très bon (A3) partout.

Il semble que l’objectif testé ait été optimisé pour le centre et les angles du format 24 x 36, la zone intermédiaire, importante pour le piqué aux bords du format APS-C, étant un peu moins définie. Globalement, les performances de l’objectif sont plus élevées que celles des autres objectifs standards, testés dans les mêmes conditions (voir plus haut). Cependant, elles ne rivalisent pas avec celles du Sigma Art 50 mm f/1, 4 (que j’avais essayé sur le terrain sans prendre des mesures) et de l’Otus 55 mm f/1,4.

Le pouvoir de contraste du Samyang est moyennement élevé, produisant des images assez douces, avec un rendu des couleurs qui est assez proche de celui des autres objectifs de la marque, c’est-à-dire légèrement chaud (jaune).

Une « mire naturelle », parfaite pour évaluer le piqué à l’infini.
Évolution du piqué et du vignetage entre f/1,4 et f/4. Extraits (100%) tirés de l’image précédente. Le piqué est déjà impressionnant dès la pleine ouverture dans une vaste zone centrale. Conversion RAW dans Camera Raw 8.8 avec des paramètres par défaut pour l’accentuation et la réduction du bruit. Cliquez pour agrandir.

Aberration chromatique

Très faible au centre de l’image (< 0,5 pixel), l’aberration chromatique se manifeste surtout sur les bords et bords extrêmes ou elle ne dépasse jamais une largeur de 1,4 pixels. Elle se corrige facilement dans la plupart des logiciels de développement RAW. En revanche, les aberrations chromatiques longitudinales (bokeh fringing) sont assez marquées aux grandes ouvertures. Toutefois, la plupart des objectifs lumineux en souffrent et le défaut disparait simplement en fermant le diaphragme à des ouvertures intermédiaires.

Vignetage et distorsion

Assez prononcé à pleine ouverture (- 1,71IL), le vignetage perd en intensité dès f/2 pour devenir peu gênant à f/2,8. Si la distorsion en barillet est assez forte pour un objectif standard (autour de 2%), là encore elle se corrige facilement par voie logicielle.

Bokeh

Il est tout à fait possible d’utiliser le Samyang 50 mm f/1,4 pour produire des images dont la profondeur de champ est très étroite et dont le premier et l’arrière-plan se fondent dans un flou vaporeux. A f/1,4 (T/1,5), les cercles de confusion ne sont pas parfaitement lisses, mais présentent une forme qui rappelle vaguement celle créée par un objectif catadioptrique. Heureusement, l’effet en question demeure discret dans la plupart des images et disparaît en fermant le diaphragme d’un cran. Dès f/2,8, les cercles de confusion adoptent la forme du diaphragme.

Chaises, Colmar/Alsace. En présence de reflets spéculaires, l’objectif produit des cercles de confusion à double-contour, avec une déformation (yeux de chat) aux bords de l’image, provoquée par le vignetage du flux lumineux par le fut. Canon EOS 5D Mark II, Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC, f/1,4, 1/125 s à 3200 ISO.

Les alternatives

Si le tarif du Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC paraît sans doute particulièrement intéressant pour un vidéaste (le Zeiss CP.2 50 mm/T2.1 et le Canon CN-E50mm T1.3 L F sont hors de prix…), le tarif du Samyang 50 mm f/1.4 AS UMC le met en concurrence directe avec d’autres objectifs réputés. La liste suivante ne présente que des objectifs commercialisés en monture Canon EF. J’ai volontairement écarté les modèles moins lumineux et ceux dont le tarif est beaucoup plus élevé.

Canon EF 50 mm f/1,4 USM (à partir de 350 euros). Équipé d’un moteur AF Micro USM, moins performant et plus fragile que l’USM annulaire des objectifs haut de gamme, le 50 mm f/1,4 possède une formule optique “classique” de type double Gauss qui nécessite de visser à f/2,8 pour éliminer l’aberration sphérique et le coma aux ouvertures plus grandes. Sa construction mécanique ne le prédestine pas à une utilisation intensive. Malgré cela, l’EF 50 mm f/1,4 USM est intéressant à plus d’un titre : plus abordable que le Samyang, il offre l’automatisme de mise au point et de diaphragme, pour une polyvalence supérieure.

Sigma 50 mm f/1,4 EX DG HSM  (autour de 400 euros ) : objectif ultra-lumineux par excellence, le Sigma 50 mm F1,4 souffre du même manque d’homogénéité aux ouvertures les plus grandes que l’alter ego de chez Canon. En revanche, sa construction est  plus sérieuse que celle du Canon, avec toutefois  une précision moindre pour la mise au point ultrasonique.

Sigma 50 mm f/1,4 EX DG HSM Art (autour de 800 euros ): deux fois plus onéreux et nettement plus lourd et encombrant que le modèle qu’il remplace, il bénéficie de performances optiques qui le placent parmi les meilleurs objectifs standards du marché, avec le Zeis Otus 55 mm f/1,4.

Carl Zeiss Planar T\* 50 mm F 1,4 ZE (600 euros environ) : objectif à mise au point manuelle, le Zeiss Planar offre une réalisation somptueuse.  Cependant, sa formule optique étant sensiblement identique à celle du Zeiss Planar des années 1970, sa qualité d’image n’est guère meilleure que celle du Canon et du Sigma pré-Art.

Rappelons que les objectifs Samyang sont dépourvus de couplages mécaniques et électroniques.  Un objectif des années 1970 ou 1980, adapté ou non via une bague d’adaptation, offre donc le même confort d’utilisation.  Voici quelques “ancêtres”, utilisables avec un boîtier Canon au capteur 24 x 36 : Nikon Nikkor 50 mm f/1,4, Carl Zeiss Planar T 50mm f/1.4 (Contax), Leica Summilux-R f/1,4/50 mm, Olympus Zuiko Auto-S f/1,4/50 mm, Pentax SMC Takumar f/1,4/50 mm, Carl Zeiss Jena Pancolar 1.4 55 et Yashica Yashinon Dx 1,4/50mm, pour ne nommer que les références les plus prestigieuses. Cependant, aucun des objectifs anciens propose une qualité optique qui rivalise avec celle du Samyang 50 mm f/1,4 aux ouvertures les plus grandes – grâce à sa formule optique moderne, agrémentée de lentilles asphériques, ce dernier conserve une petite avance, bien que celle-ci devient négligeable dès f/2,8 ou f/4.

Le lac de Longemer sous la glace. Le comportement en contre-jour est satisfaisant, grâce au traitement multi-couche des lentilles. Canon EOS 5D Mark III, Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC, f/11, 1/250 et 1/3200 s à 100 ISO. (Prise de vue sur trépied, mode Live View et fusion de deux expositions dans Photoshop)

En guise de conclusion

La qualité optique du Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC tient largement la comparaison face aux 50 mm f/1,4 Canon et Sigma pré-Art, grâce à un piqué qui est déjà bon à pleine ouverture dans un vaste périmètre autour du centre. La distorsion est finalement le seul défaut optique à critiquer, mais elle se corrige facilement par voie logicielle. La réalisation mécanique est également très satisfaisante, bien qu’elle repose toujours sur des pièces en matière plastique à l’extérieur (hormis la monture en laiton), avec des barillets en métal au cœur de l’optique. Globalement, le Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC paraît plus robuste que les premiers objectifs lumineux de la marque et il devrait donc survivre plusieurs années d’utilisation intensive.

Le vélo du messager, Colmar/Alsace. Canon EOS 5D Mark II, Samyang 50 mm T 1,5 AS UMC, f/5,6 à 100 ISO. (Prise de vue sur trépied, mode Live View et fusion HDR de trois expositions (-2, 0 et +2 IL) dans Photoshop)

Cependant, je m’interroge sur l’absence de couplages mécaniques et électroniques. Celle-ci rend la manipulation de l’objectif peu aisée, tout en le cantonnant à des domaines de prise de vue plus statiques. Sans confirmation dans le  viseur, la mise au point se transforme en un véritable jeu à la loterie, avec un taux de réussite qui ne devient acceptable qu’en utilisant un reflex à capteur 24 x 36 avec un verre de visée dédié à la mise au point manuelle ou un affichage agrandi en mode Live View. Reste un dernier point à évoquer : le tarif de l’objectif, plutôt élevé à l’aune de ses prestations. Beaucoup plus cher que le Canon EF 50 mm f/1,4 USM et le Sigma 50 mm f/1,4 EX DG HSM de première génération, le Samyang 50 mm f/1,4 ou T/1,5 manque les principaux agréments d’un objectif moderne, à savoir la mise au point automatique et le contrôle automatique du diaphragme. Finalement, c’est là ou le bât blesse, puisque les prestations optiques et mécaniques sont bien réelles ….

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