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Canon EF 100 mm F 2,8 Macro : un ancêtre toujours vert

Canon EF 100 mm F 2,8 Macro : un ancêtre toujours vert

Depuis la sortie d’une nouvelle version, dotée du premier stabilisateur d’image hybride et estampillée du prestigieux sigle “L”, l’ EF 100mm F2.8 USM Macro fait désormais figure de doyen dans la gamme Canon. Pourtant, savez-vous qu’il existe un objectif encore plus ancien, largement inconnu des photographes ?

Fabriqué pendant dix années, entre 1990 et 2000, l’ EF 100 mm f/2,8 jouissait d’une excellente réputation auprès des “Canonista” de l’époque argentique. Alors que son petit frère, l’ EF 50 mm f/2, 5 Compact Macro, nécessite un convertisseur dédié ou une bague allonge pour atteindre des rapports de grossissement entre 0,5 et 1 fois, le 100 mm Macro couvre directement une plage de distances très étendue, de l’infini à 0,3 mètre (rapport 1).

Après une pluie nocturne. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro+bague EF 25, f/3,5, 1/4s, ISO 100.
Bourrache et abeille. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, Flashs MR-14 EX et 550 EX, f/6,7, 1/350s, ISO 100.

Réalisation optique et mécanique

Sa construction optique est plutôt particulière. Scindée en deux sections, elle est composée d’un premier groupe mobile de type Gauss pour réduire les aberrations optiques à toutes les distances de mise au point et d’un second groupe immobile pour augmenter la distance focale de l’objectif. L’ EF 100 mm f/2, 8 Macro se contente de 10 éléments en 8 groupes alors que son successeur demande 12 éléments disposés en 8 groupes pour diminuer les aberrations sphériques aux distances les plus courtes.

Le “pare-soleil” est incorporé et très efficace.

Si la conception optique améliore les performances optiques et la vitesse de mise au point, elle limite également l’extension mécanique, permettant de réduire les dimensions de l’objectif. Au lieu d’intégrer un moteur USM pour la mise au point automatique, l’objectif utilise un moteur électronique on ne peut plus traditionnel, de type AFD (arc form drive). Beaucoup plus bruyant que le dispositif de mise au point de son successeur, le moteur AFD de l’EF 100 mm f/2, 8 est aussi (en moins en théorie) plus lent. La réalisation mécanique de l’objectif est très robuste, bien que très différente de celle de l’ EF 100mm F2.8 Macro USM : plus court, plus mince et doté d’un diamètre de filtre plus réduit (52 mm), l’ancien 100 mm Macro est également un peu plus lourd. Les dimensions de l’EF 100mm F2.8 Macro USM restent constantes, grâce à une mise au point interne, mais celles de l’ EF 100mm F2.8 Macro augmentent au fur et à mesure que la distance de mise au point diminue — il faut donc faire attention à ne pas effaroucher des insectes craintifs.

De conception classique, l’objectif s’allonge en fonction de la distance de mise au point. Après vingt ans de service, le revêtement caoutchouté de la bague de mise au point se détend un peu trop – un peu de colle néoprène aide alors à la fixer.

La conception ancienne présente aussi quelques avantages : citons d’abord la course de la bague de mise au point, beaucoup plus longue, favorisant la précision en mise au point manuelle. La version USM de l’objectif souffre d’une course trop faible, optimisée pour accélérer la mise au point en mode automatique. La mise au point en faible distance est en revanche beaucoup plus délicate qu’avec son prédécesseur. Alors que l’EF 100 mm F2.8 Macro USM nécessite un pare-soleil optionnel pour protéger la lentille frontale, très exposée aux agressions mécaniques et aux reflets parasites, l’ EF 100 mm F2.8 Macro jouit d’un pare-soleil incorporé : l’élément frontal est profondément enchâssé dans le fut avant.
L’ancien modèle bénéficie, tout comme le nouveau, d’un l’imitateur de course : FULL commande toute la plage de distances de mise au point et LIMIT permet de la conformer à deux plages, suivant la position initiale de la bague de mise au point : de l’infini au rapport de grossissement 1/4 et du rapport 1/4 jusqu’au rapport 1, permettant d’accélérer la mise au point.

Les flashs macro de marque Canon se fixent sans intermédiaire sur l’objectif.

Si vous possédez un flash annulaire MR-14 EX ou flash macro MT-14 EX, sachez qu’il est possible de les fixer directement sur l’avant de l’objectif, aucune bague d’adaptation n’est nécessaire. En revanche, il n’y a pas de place pour ajouter une bague d’adaptation pour trépied — pour changer l’orientation de l’appareil, il faut intervenir sur la rotule du trépied photo.

Qualité optique

Il est plutôt difficile de trouver un objectif macro aux performances optiques modestes. Depuis de nombreuses années déjà, les fabricants veillent à produire des objectifs polyvalents qui conservent leur excellente qualité optique (planéité du champ, absence de distorsion, piqué homogène) à toutes les distances de mise au point, même à l’infini. Les objectifs macro peuvent donc aisément se substituer aux objectifs standard (50 à 60 mm), portrait (90 à 105 mm) et télé (150 à 200 mm), pour peu que vous puissiez faire abstraction de leur luminosité plus faible.

Chat, Metzeral/Vosges. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/2,8, 1/500s, ISO 200.

Piqué

Certains photographes nostalgiques attribuent à l’ancien objectif macro sans USM des vertus extraordinaires et les courbes de transfert FTM, publiées dans la première édition de l’ouvrage “Lens Work”, laissent paraître un contraste et un pouvoir de résolution proches de ceux du successeur. Les tracés sont en en plus quasiment horizontaux et les différences entre les courbes tangentielles et radiales plutôt menues, indiquant des flous d’arrière-plan (bokeh) très naturels. En pratique, la qualité optique de l’EF 100mm F2.8 Macro est exemplaire. Utilisable dès sa pleine ouverture, l’objectif offre un très bon contraste et un pouvoir séparateur élevé et ce, même lorsqu’il est associé à un capteur plein format de 21 mégapixels. Après avoir fermé le diaphragme d’un ou de deux crans, le piqué de l’objectif est excellent et très homogène. En revanche, mieux vaut se méfier des méfaits de la diffraction optique : sur le même appareil, j’évite de fermer le diaphragme au-delà des valeurs f/ 16 (infini) ou f/11 (rapports macro). En vissant davantage, la perte de piqué sera beaucoup plus néfaste que le gain en profondeur de champ sera bénéfique.

Sous la neige, Metzeral/Vosges. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/4, 1/125s, ISO 100.


 

Distorsions, vignetage et aberrations chromatiques

La distorsion est négligeable, et ce, quelle que soit la distance de mise au point. Le vignetage est particulièrement sensible (et gênant) à pleine ouverture, mais il disparaît dès f/5,6. Si les aberrations chromatiques latérales sont quasiment inexistantes, les aberrations chromatiques longitudinales sont parfois visibles. On parle alors souvent du “bokeh fringing”, phénomène qui se manifeste par des franges violettes et vertes, situées des deux côtés de la zone de mise au point. Toutefois, seules les optiques de conception véritablement apochromatique échappent à ce défaut, sachez qu’elles sont aussi rares qu’elles sont onéreuses.

Flare et Reflets parasites

Canon n’a jamais livré et proposé de pare-soleil avec cet objectif. Et pour cause, la lentille frontale se situe au fond du corps avant de l’objectif qui fait ainsi figure de pare-soleil incorporé. Il en résulte une excellente protection contre les lumières parasites. Cependant, ne cédez surtout pas à la tentation de lui ajouter un filtre de protection. La lentille frontale ne risque ni salissures ni abrasions mécaniques et l’emploi d’un filtre conditionnerai alors celui d’un pare-soleil.

Bokeh

Le diaphragme de l’EF 100mm F 2,8 Macro possède huit pétales et le bokeh, c’est à dire le rendu des parties hors profondeur du champ des images est très naturel et harmonieux.

Magnolia. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/2,8, 1/2000s, ISO 100.

Dans la  pratique

L’EF 100mm F 2,8 Macro peut-il remplacer son successeur, nettement plus confortable à l’usage, grâce à sa motorisation USM et sa mise au point interne ? J’avoue que j’utilise parallèlement deux autres objectifs télé “à portrait”, l’ EF 100 mm f/2 USM et l’ EF 135 mm f/2 L USM. Je dédie donc l’EF 100mm F 2,8 Macro le plus souvent à ses domaines de prédilection, la photo rapprochée et la macrophotographie. Or, lorsque la distance de mise au point est faible, la mise au point manuelle est roi. L’absence de l’USM est alors peu gênante.

La Fecht, Ingersheim/Alsace. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/22, 1/4s, ISO 50.

Le piqué extraordinaire de l’objectif rend son utilisation en tant qu’objectif portrait plutôt délicate – pour davantage de douceur, je lui préfère souvent l’EF 100 mm f/2 USM, utilisé à sa pleine ouverture. Si on fait abstraction de la mise au point un peu bruyante, l’objectif macro se défend avec brio dans la plupart des domaines photographiques. Quelle que soit la distance de mise au point, sa qualité optique est toujours d’actualité , bien qu’il s’agisse d’une conception d’il y a vingt ans.

Héloïse, Colmar/Alsace. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/2,8, 1/1500s, ISO 100.

Pour m’approcher davantage, j’utilise régulièrement une bague allonge EF 25 mm et il m’arrive aussi d’en ajouter une bonnette macro et/ou un Extender 1,4, intercalé entre le boîtier et la bague allonge. Bien qu’en baisse, les performances optiques se maintiennent sur un niveau tout à fait honorables.

Chasseur avec sa proie, Hinterzarten/Allemagne. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro+bague EF 25; f/4,5, 1/350s, ISO 1000

Les concurrents

Sur le marché d’occasion, L’EF 100mm F 2,8 Macro est plutôt rare et si vous en trouvez un exemplaire en bon état, son tarif n’est pas forcement très avantageux. Souvent, l’ancêtre est proposé à un prix d’occasion frôlant celui du successeur.

Renoncule asiatique. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/4,5, 1/90s, ISO 250.

Il n’est alors guère raisonnable d’investir dans l’ancien modèle. Mais avec un peu de chance, le vendeur ignore tout des qualités intrinsèques de cette optique : j’ai réussi à en trouver un exemplaire bien conservé pour un prix défiant toute concurrence — le vendeur n’avait simplement pas réalisé qu’il s’agissait d’un objectif macro…

Canon EF 100 mm F 2,8 Macro USM. Plus souple d’emploi que l’ancien modèle, il est même un tout petit peu meilleur en termes de piqué. Il représente actuellement le meilleur rapport qualité-prix.

Canon EF 100 mm F 2,8 Macro L IS USM. Doté d’un stabilisateur hybride 4 vitesses, cet objectif porte aussi le prestigieux libellé L, promettant une réalisation mécanique somptueuse et des performances optiques inégalées. Dans la pratique, le stabilisateur n’est pas aussi incontournable qu’insinue le message publicitaire du fabricant et la qualité optique pas forcément meilleure que celle du modèle “standard”.

Tamron SP AF 90 mm F 2,8 Macro Di. Réalisation mécanique un peu plus légère et qualité optique de haut niveau, le 90 mm de Tamron a gagné sa réputation flatteuse au fil des années et des différentes versions commercialisées. Une valeur sûre, même si la focale un peu plus courte oblige à s’approcher davantage.

Sigma EX 105 mm F 2,8 DG. Optiquement à la hauteur des autres, cet objectif souffre un peu d’un système de débrayage AF/MF peu pratique (Dual-Focus) qui nécessite deux opérations distinctes pour passer de la mise au point automatique au mode manuel. Très bon rapport qualité-prix.

Tokina AF 100 mm F 2,8 AT-X Pro D Macro. Peu répandu en France, cet objectif demeure une excellente affaire grâce à une réalisation mécanique digne des meilleurs et une qualité optique irréprochable. Très bon rapport qualité-prix.

Zeiss Makro-Planar T* 100 mm F 2. C’est le meilleur ! Réalisation mécanique somptueuse, qualité optique superlative et luminosité hors pair, cette optique de rêve est aussi particulièrement onéreuse et elle n’atteint qu’un rapport de grossissement de 1/2. Mise au point manuelle oblige.

Voigtländer APO-Lanthar 90 mm F 3,5 SL II. Fabriquée au Japon par Cosina, cette réédition d’un objectif presque mythique produit des images piquées dès sa (modeste) pleine ouverture. Mais il ne s’agit pas d’un objectif macro à proprement parler : sa distance de mise au point minimale est de 50 cm et pour s’approcher davantage, le fabricant fournit une bonnette macro dédiée.

Caractéristiques techniques

Focale : 100 mm (équivalent 160 mm sur un reflex au format APS-C)

Ouverture maximale/minimale : f/2,8 et f/32

Construction optique : 10 éléments en 9 groupes, diaphragme à 8 lamelles

Angle de champ : 24 ° (24×36)

Mise au point : manuelle ou automatique (moteur AFD), interrupteur pour le passage au mode manuel

Distance minimale de mise au point : 0.31 m

Diamètre de fixation pour filtre : 52 mm

Diamètre x longueur : 105,3 mm x 75 mm

Poids : 650 g

Prix (occasion) : 200 euros environ

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