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Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC : le miracle a-t-il lieu ?

Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC : le miracle a-t-il lieu ?

Parmi les fabricants d’objectifs, le coréen Samyang joue le rôle d’un véritable OVNI. S’il œuvre depuis de nombreuses années déjà dans l’ombre des grands en tant que fabriquant de produits OEM pour des sociétés japonaises, il vient d’arriver sur le marché avec sa propre gamme d’optiques, constituée principalement d’objectifs catadioptriques et d’objectifs télé de performances modestes, mais aussi, depuis peu, de quelques réalisations plus sophistiquées.

Parmi les fabricants d’objectifs, le coréen Samyang joue le rôle d’un véritable OVNI. S’il œuvre depuis de nombreuses années déjà dans l’ombre des grands en tant que fabriquant de produits OEM pour des sociétés japonaises, il vient d’arriver sur le marché avec sa propre gamme d’optiques, constituée principalement d’objectifs catadioptriques et d’objectifs télé de performances modestes, mais aussi, depuis peu, de quelques réalisations plus sophistiquées.

Reflections, Hunawihr/Alsace. Canon EOS 5D MarkII, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/8, 1/125s à 160 ISO.

Samyang commercialise notamment un objectif Fisheye (Samyang 8 mm f/3.5 Aspherical IF MC Fish-eye), un objectif super grand-angle (Samyang 14 mm f/2.8 IF ED UMC Aspherical) et un téléobjectif lumineux “à portrait” (Samyang 85 mm f/1.4 IF MC Aspherical) dont les performances optiques jouent dans la cour des grands. Tout juste pourrait-on leur reprocher une réalisation mécanique plus modeste et surtout des voies de communication sommaires, voire inexistantes entre le boîtier et l’objectif.
Les objectifs Samyang en monture Pentax K-A et Nikon Ai-P disposent d’un rapport qualité-prix nettement plus favorable que ceux adaptés aux appareils Canon et Sony. Ils transmettent les principales informations au boîtier, permettant de bénéficier de tous les automatismes d’exposition et d’une confirmation de mise au point, affichée dans le viseur.

Les objectifs pour Canon et Sony sont dépourvus de contacts et ne transmettent ni les données de prise de vue ni les métadonnées EXIF à l’appareil. Il faut donc effectuer la mise au point à pleine ouverture, puis fermer le diaphragme à la valeur de travail avant de déclencher, une procédure qui, dans certaines situations plus remuantes, contribue à des imprécisions plus ou moins graves. Avant de vous précipiter dans votre magasin de photo ou sur votre site d’e-commerce préféré pour les acheter, mieux vaut peser le pour et le contre des objectifs Samyang : bien que très qualitatifs, ils ne révèlent leur potentiel qu’avec un boîtier Nikon ou Pentax et/ou avec une technique de prise de vue irréprochable.

Héloïse, Colmar/Alsace. Canon EOS 1Ds, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/1,4, 1/2000s à 400 ISO.

La firme coréenne vient de sortir un objectif grand angle modéré dont la réalisation est aussi ambitieuse que celle du petit télé : le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC. Par ses caractéristiques, il rivalise avec quatre objectifs prestigieux, commercialisés par Canon, Nikon, Sony et Zeiss à des tarifs plutôt musclés : proposés à 1500 euros, ils sont environ quatre fois plus onéreux que leur alter ego chez Samyang !

Patisserie, Colmar/Alsace. Canon EOS 5D Mark II, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/11, 1/250 à 100 ISO

Prise en mains

Par son poids et ses dimensions, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC se situe entre le Canon EF 35mm f/1.4 USM L et le Carl Zeiss 35 mm Distagon T* f/1,4. Mais sa réalisation est moins flatteuse. De la monture de filtre à la bague de diaphragme, en passant par la bague de mise point, l’optique coréenne est entièrement revêtue en matière plastique et seule la baïonnette, fixée par trois vis cruciformes, est en métal.

Un couple lumineux et harmonieux : Canon EF 135 mm f/2 L USM et Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC.


Certes, la prise en mains est très agréable, grâce à une bague de mise au point aussi large que souple, mais certains détails révèlent une qualité de fabrication un peu sommaire : la manipulation de la bague de diaphragme est très bruyante (gênant en vidéo…) et le calage de la mise au point tellement imprécis qu’il faut régler la bague sur 5 m pour obtenir une mise au point correcte sur l’infini ! Dans ces conditions, l’échelle de profondeur de champ, une nouveauté chez Samyang, n’a pas beaucoup de sens….

L‘échelle de profondeur de champ : uniquement utile lorsque l’objectif bénéficie d’un calage en usine exact!

Pare-soleil

Samyang livre le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC avec son pare-soleil en corolle dédié. Muni d’une baïonnette, le pare-soleil, entièrement usiné d’une matière plastique proche de celle de l’objectif, se fixe assez facilement sur une baïonnette à l’avant de l’objectif. Un point blanc en guise de repère de montage se trouve sur l’objectif, un autre sur le pare-soleil, qu’il est également possible d’adapter à l’envers pour réduire les dimensions de l’ensemble lors du transport. Le pare-soleil est assez efficace.

Mise au point

N’assurant ni la mise au point autofocus ni la confirmation de mise au point dans le viseur, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC en monture Canon se destine surtout aux appareils plein format, pourvu de viseurs suffisamment grands pour effectuer une mise au point précise. Si vous êtes un tant soit peu audacieux, vous pouvez l’utiliser avec un appareil à capteur APS-C,sous condition d’investir dans un verre de visée plus discriminant (Haoda ou Brightscreen).

Le mode LiveView est également d’un grand secours pour obtenir une mise au point critique — malheureusement, il est peu efficace en photo d’action et en forte luminosité ambiante. Mais même avec un appareil à capteur “full frame”, la mise au point reste une opération délicate et, à fortiori, avec le verre de visée installé par défaut.

Fleurs défendus, Hunawihr/Alsace. Canon EOS 5D Mark II, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/1,4, 1/750s à 160 ISO. Si la mise au point est relativement aisée pendant la journée…

À pleine ouverture, la profondeur de champ ne mesure que quelques centimètres, voire millimètres lorsqu’on s’approche de la distance de mise au point minimale. Plus on ferme le diaphragme, plus la profondeur de champ s’étend en avant et en arrière du sujet et plus l’image du viseur s’assombrit. Avec mes boîtiers Canon 5D Mark II et 1Ds et les verres de visée “à mise au point manuelle”, Eg-S et EC-L, la limite se situe à f/4 : au-delà, l’image dans le viseur s’obscurcit au point de rendre la mise au point périlleuse. La méthode la plus sûre consiste à effectuer la mise au point à f/1, 4, puis de fermer le diaphragme à l’ouverture de travail.

Sachez que certains objectifs lumineux souffrent d’un décalage de la mise au point (focus shift), provoqué par une sous-correction des aberrations sphériques. Heureusement, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC semble être dépourvu de ce défaut fâcheux, la fermeture à l’ouverture de travail n’entraîne donc aucune modification du plan de netteté. En revanche, il est regrettable que la transition de la bague de diaphragme s’effectue par demi-valeurs entre f/2 et f/16 et par valeurs entières entre f/1, 4 et f/2, puis entre f/16 et f/22. D’une part, l’homogénéisation en demi-valeurs permettrait de choisir une ouverture de f/1,7, d’autre part, elle faciliterait le réglage du diaphragme, en comptant le nombre de “clics” en partant de la pleine ouverture.

.. elle devient délicate lorsque la lumière fait défaut. Ici, le mode LiveView était impératif pour obtenir un réglage précis. Bar à vin, Colmar/Alsace. Canon EOS 5D Mark II, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/1,4, 1/90s à 2500 ISO.

La fonction LiveView n’est que partiellement opérationnelle avec un objectif dépourvu de contacts. Le mode Simulation d’exposition n’affiche une luminosité correcte qu’en mode Av (Priorité à l’ouverture), en mode M (Manuel), l’image affichée sur l’écran LCD est nettement plus sombre et un réglage “correct ” en termes de luminosité correspond à une surexposition violente de l’image. Qui plus est, l’histogramme “live” ne s’affiche pas. La fonction LiveView se prête donc davantage à la vérification de la mise au point qu’à celle de l’exposition. Elle est alors nettement plus efficace qu’avec le Samyang 14 mm f/2.8 IF ED UMC Aspherical – avec le dernier, le taux de grossissement (10 fois) d’un Canon EOS 5 D Mark II devient franchement insuffisant pour une mise au point précise, pour ne pas parler des aberrations sphériques à pleine ouverture, rendant l’appréciation du réglage de mise au point encore plus difficile !

Qualité optique

La valeur opérationelle d’une optique lumineuse est proportionnelle à sa qualité optique à pleine ouverture : rien ne sert à subir l’augmentation du prix d’achat, du poids et des dimensions d’un tel objectif s’il faut diaphragmer pour parvenir à une image qui n’est finalement guère supérieure à une autre, provenant d’un autre objectif moins lumineux ! Je suis très agréablement surpris par les performances optiques du Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, dignes d’une optique beaucoup plus onéreuse.

Trêve touristique, Colmar/Alsace. Canon EOS 1Ds, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/5,6, 1/30s à 100 ISO.

Piqué, contraste et rendu des couleurs

Si mes analyses ne portent que sur quelques centaines de photos prises au fil des derniers jours (je laisserai à d’autres le soin d’analyser plus en profondeur ses caractéristiques optiques…), j’ai été immédiatement frappé par son piqué à l’ouverture maximale. Contrairement à d’autres objectifs lumineux (je pense notamment au Canon 50 mm f/1, 4 USM), le Samyang est pleinement utilisable à pleine ouverture lorsque le sujet et les conditions de lumière l’exigent. Certes, on peut détecter un léger soupçon d’aberrations sphériques, se manifestant par une certaine douceur, mais je n’oserais pas pour autant parler de flou puisque les détails sont présents et bien définis.

Photo prise avec un Canon 1Ds à f/1,4, 1/250 s et 400 ISO; à main levée.
Extrait à 100% de l’image ci-dessus : à pleine ouverture, le piqué est déjà élevé.

 
En fermant le diaphragme de deux valeurs, cette douceur disparaît et cède sa place à un piqué très élevé, et ce, même dans les coins de l’image. Les images deviennent ensuite de plus en plus croustillantes et la diffraction n’intervient qu’assez tardivement puisque les images prises à f/16 (avec un Canon 5D Mark II) sont encore parfaitement nettes. À toutes les ouvertures, le rendu des images se distingue de celles prises avec mes objectifs Canon : la gradation est un peu plus douce dans les ombres et les hautes lumières et le contraste des tons moyens moins élevé, de quoi récupérer des détails dans les valeurs extrêmes lorsque le contraste de la scène est très important.

Toutefois, cela se corrige parfaitement au traitement des images, via des réglages un poil plus prononcés en Clarté et Accentuation. En termes de rendu des couleurs, les différences sont en revanche menues.

Photo prise avec un Canon 5D Mark II à f/11, 1/45 s et 100 ISO; à main levée.
Photo prise avec un Canon 5D Mark II à f/8, 1/90 s et 100 ISO; à main levée.

Aberrations chromatiques

Les aberrations chromatiques tendent à flouter les contours et leur amplitude est toujours proportionnelle à la distance qui les sépare du centre de l’image. Les aberrations chromatiques du Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC sont en revanche tellement bien corrigées qu’elles restent peu visibles à travers le champ d’image et qu’elles ne nécessitent aucune correction particulière en posttraitement. En revanche, à f/1,4, les aberrations chromatiques longitudinales (bokeh fringing) sont assez marquées. A noter que la plupart des objectifs lumineux en souffrent et que ce phénomène disparaisse en fermant le diaphragme.

i les aberrations chromatiques latérales sont très bien corrigées, les aberrations chromatiques longitudinales sont assez visibles : notez la dominante magenta, devant, et verte, derrière le plan de netteté.

Vignetage

Alors que de nombreux objectifs ultra-lumineux souffrent d’un obscurcissement important sur les bords, le vignetage du Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC reste plutôt discret à pleine ouverture et devient quasiment imperceptible une fois le diaphragme fermé de deux valeurs.

Distorsion

Au même titre que l’écrasante majorité des objectifs grand angle, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC présente une distorsion à barillet marquée dont l’amplitude est inversement proportionnelle à la distance de mise au point. Mais sa distribution est parfaitement régulière et ainsi facile à corriger à postériori, dans un logiciel d’image.

Bien que présente, la distorsion en barillet se corrige facilement dans la plupart des logiciels. Photo prise avec un Canon 1Ds à f/5,6, 1/30 s et 100 ISO; correction manuelle de la distorsion et de la perspective dans Camera Raw.

Reflets et lumières parasites

Avec 12 éléments en 10 groupes, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC possède une construction optique plutôt sophistiquée. Grâce au traitement multi-couches UMC des lentilles, il n’est pas particulièrement sensible aux lumières parasites et au flare. Dans certaines situations il produit des reflets gênants, mais leur étendue est généralement assez faible, sauf avec une forte source de lumière (soleil) à l’intérieur du champ : on peut alors apercevoir un reflet circulaire en forme de halo coloré.

Face aux lumières, le comportement du Samyang est meilleur que ses nombreuses lentilles incitent à craindre. Photo prise avec un Canon 5D Mark II à f/1,4, 1/15 s et 1600 ISO; à main levée.

Bokeh

On dirait que le rendu esthétique des zones hors profondeur de champ est une invention récente, tel est l’engouement des photographes numériques pour le “bokeh”. Pourtant, cette notion ne date pas d’hier et même à l’époque argentique, le rendu de certaines optiques était réputé pour produire des images particulièrement harmonieuses. Les fabricants se sont adaptés à cette mode et les optiques lumineuses récentes offrent toutes un beau rendu des zones floues, grâce à des diaphragmes “circulaires” qui utilisent un grand nombre de pétales. Le bokeh étant aujourd’hui l’un des critères les plus importants, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC ne reste pas en retrait : malgré l’emploi d’un élément asphérique, le bokeh est très attractif, assurant de beaux flous.

Fleur de pavot, Wihr/Alsace. Canon EOS 1Ds, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/1,4, 1/400s à 100 ISO.

Conclusion

Si on ne tient compte que de ses seules performances optiques, exceptionnelles et à l’image de son tarif, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC fait un sans-faute. Mais la qualité optique n’est qu’une seule face de la médaille, la communication avec le boitier étant une autre. Il est donc difficile de le recommander à un Canoniste débutant. Sans mise au point automatique et témoin de confirmation AF, il réalisera sans doute de nombreuses images floues, rendant son expérience avec le Samyang décevante. Un photographe expérimenté y trouvera son compte : disposer d’une optique aussi lumineuse et performante à un prix aussi modique lui permettra de prendre des photos sinon impossibles à réaliser. Il vous reste à vous accommoder du fonctionnement tout manuel de l’objectif ainsi que du manque de communication, y compris pour les données de l’objectif dans les EXIF. Si, en revanche, vous utilisez un appareil Nikon et Pentax, n’hésitez surtout pas : le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC est une aubaine.

Husseren, vue sur la plaine d’Alsace et la Fôret Noire. Canon EOS 5D Mark II, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/13, 1/45s à 100 ISO.

Certes, pour un prix équivalent, vous ne trouverez que des objectifs deux fois moins lumineux . Mais si vous êtes à la recherche d’un objectif de 35 mm moins encombrant et plus léger, un bon vieux Canon EF 35 mm f/2 ou, mieux, un Voigtländer Ultron 40 mm F/2 pourrait vous donner entière satisfaction. A méditer…

Caractéristiques techniques

Focale : 35 mm (équivalent 52,5 – 56 mm sur un reflex au format APS-C)

Ouverture maximale: f/1,4

Ouverture minimale : f/22

Construction optique : 12 éléments en 10 groupes, 1 élément asphérique et deux en verres à faible dispersion, diaphragme à 8 lamelles

Angle de champ : 63,1° (24×36)

Mise au point : manuelle

Distance minimale de mise au point : 0.3 m

Longueur : 111 mm

Poids :660 g

Prix: 380 euros en monture EF et 420 euros en monture N

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